Dans la wilaya de Béjaïa, où l'on s'enorgueillit de détenir un quart du parc oléicole du pays avec près de 5 millions d'oliviers en production, cette année, on est loin de pavoiser à la vue des premiers résultats qui s'affichent alors que l'on vient de boucler laborieusement la première moitié de la campagne oléicole. Au cœur de la haute Soummam, dans le triangle Tazmalt-Sidi Aïch- Seddouk (65 % du parc oléicole), la campagne vient à peine de démarrer mais les températures clémentes et le soleil d'un hiver que l'on prendrait aisément pour un printemps précoce ont fait que beaucoup de producteurs ont tôt fait de vendanger leurs olives. Ailleurs, le long du littoral béjaoui et dans la basse Soummam, régions où la campagne commence habituellement assez tôt, la récolte tire déjà à sa fin. Près de 25 000 hectares ont été ramassés, ce qui fait un taux de 48 % de la superficie totale, selon des chiffres de la Chambre d'agriculture de la wilaya. Environ 120 000 q ont été récoltés, soit un rendement très médiocre de 5 q à l'hectare et 20 l d'huile par quintal. A titre d'exemple, l'année passée, le même rendement était de 19,65 litres par quintal. La production cuvée 2007 est donc l'un des plus moyens même si on est très loin du catastrophique 2,7 quintaux à l'hectare de la campagne 2002/2003. Les premières incidences de cette disette se sont répercutées sur un grand nombre des 434 huileries que compte la wilaya et qui ont dû garder portes closes faute de pouvoir disposer de productions assez conséquentes pour faire tourner les moulins et les pressoirs. L'autre conséquence, presque immédiate, s'est faite sentir sur le prix de l'huile d'olive qui n'a pas beaucoup attendu pour suivre la même courbe ascendante que les températures douces de cet hiver. Avant même que la campagne oléicole ne s'achève, le litre d'huile se négocie autour de 250 DA, pas moins. Dans un secteur où la production dépend presque entièrement des caprices de la météo, la situation ne risque guère de changer même si l'Etat, dans le cadre du FNRDA et du FNDA, les fameux fonds d'aide à l'agriculture, a débloqué des moyens financiers très importants pour assurer la relance de certaines activités. Dans la wilaya de Béjaïa, l'oléiculture est, nous dit-on, la deuxième filière à bénéficier des fonds de soutien après l'irrigation. Cela reste malgré tout insuffisant quand on sait que dans les zones montagneuses qui constituent l'essentiel du parc oléicole la location d'une paire de bœufs de labour se négocie autour de 2400 DA la journée, contre 1800 DA l'année passée. Cette prestation risque encore d'augmenter, voire disparaître complètement du fait que beaucoup de bœufs de labour finissent sur les étals du boucher. Le savoir-faire se perd également avec la disparition sans passation du témoin de ses derniers détenteurs. « On aurait aimé que l'Etat soutienne l'action du labour. Le petit outillage du greffage, de la cueillette, de la taille ou de l'entretien des oliveraies doit également faire l'objet d'un soutien de la part de l'Etat », suggère Hocine Oussalah, secrétaire général de la chambre de l'agriculture. Ce n'est pas tout que de financer des huileries ultramodernes en aval de la production d'huile d'olive. De tout l'attirail du parfait petit producteur d'olives, seul le filet de récolte est pris en compte. Cela reste largement insuffisant quand on connaît tous les sacrifices que doivent consentir les producteurs qui sont à la base, dans leur grande majorité, des petits paysans qui doivent suer sang et eau pour chaque kilo d'olives récolté.