La campagne oléicole dans la wilaya de Béjaïa vient à peine de démarrer qu' on s'attend d'ores et déjà à une récolte exceptionnelle cette saison. Les pluies du printemps dernier et celles de l'automne ont revigoré les vergers même si, en haute Soummam, la maturation des olives, gorgées d'eau, est retardée à cause, justement, de ces pluies automnales soutenues. Il faut savoir que pour avoir une huile de très bonne qualité, l'olive doit se récolter au moment où elle est tournante, c'est-à-dire d'une couleur violacée. Mais s'il s'agit de faire du rendement, il faut attendre que l'olive ait atteint sa pleine maturité et formé un maximum d'huile. Au niveau de la Chambre de l'agriculture de la wilaya, on table sur une récolte globale d'un peu plus de 15 millions de litres d'huile d'olive. Loin d'égaler le record de l'année 2004, où l'on a engrangé plus de 26 millions de litres, c'est tout de même la meilleure production comparée aux quatre dernières années où le rendement a oscillé entre 4 et 10 millions de litres. Jusqu'à la mi-novembre, près de 3000 ha ont été récoltés pour une production de 360 000 litres d'huile. Pour rappel, la wilaya de Béjaïa compte un total de 431 huileries pour un parc oléicole de près de 5 millions d'oliviers répartis sur 50 425 ha, soit 17% de la superficie globale consacrée à l'olivier en Algérie qui totalise 296 000 ha. Une broutille comparée à l'Espagne, l'Italie, la Grèce et le Portugal qui produisent, à eux quatre, 80% de la production mondiale évaluée à 2 522 700 tonnes d'huile d'olive. Le Maroc, la Turquie, la Tunisie et la Syrie comptent également parmi les principaux pays producteurs d'huile d'olive alors que l'Algérie est à la traîne dans ce domaine et ne produit que 7 % des ses propres besoins. ce qui l'éloigne de l'ambition de prétendre pénétrer un marché mondial de l'huile d'olive qui a littéralement explosé ces dernières années. Au plan national, il existe actuellement un projet de plantation d'oliviers pour une superficie de 50 000 ha alors que localement, tout le monde aura noté le regain d'intérêt de beaucoup de citoyens pour l'oléiculture. Un véritable retour aux sources s'est opéré dans beaucoup de villages où des oliveraies abandonnées depuis des années sont de nouveau investies pour une remise en valeur qui inclut parfois les moyens modernes de l'agriculture tels que la réalisation de forage ou l'irrigation au goutte-à-goutte. A lui tout seul, l'industriel Laid Ibrahim, propriétaire d'une centaine d'hectares d'oliviers à Ighzer Amokrane, a réussi le tour de force de relancer l'intérêt pour cet arbre magique et immortel qu'est l'olivier. Son exploitation vient d'ailleurs d'être retenue par la Chambre de l'agriculture pour rentrer dans la classification des fermes écoles susceptibles de servir de modèles aussi bien pour les gens du métier que pour les écoliers et le grand public en général. Outre les aléas climatiques comme la sécheresse et le gel, l'olivier est souvent victime des incendies de l'été. Cette année, 183 foyers d'incendie sont venus à bout de près de 300 ha de vergers. En 2005, près d'un million et demi d'arbres ont été endommagés par la neige. Les derniers plans de redressement de l'agriculture n'ont que très peu profité à l'oléiculture qui attend toujours un plan de développement spécifique.