Le président Bouteflika s'entretiendra, aujourd'hui à Alger, avec son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Il est prévu que l'entretien entre les deux chefs d'Etat se déroule à l'aéroport international d'Alger où le président iranien fera une « escale technique » après sa tournée en Amérique latine. Même si l'agenda de la halte, limité au strict nécessaire, de M. Ahmadinejad ne prévoit pas de conférence de presse (seuls les photographes ont été conviés à couvrir l'événement), il est difficile de s'imaginer que les deux Présidents n'évoqueront pas, durant leur discussion, la baisse inquiétante qui affecte les cours du pétrole (14% depuis le début de l'année), la question du nucléaire iranien et le dossier irakien. Bouteflika et Ahmadinejad se rejoindront, sans nul doute, concernant la dépression que connaît le marché du brut, sur l'idée que le temps est peut-être venu de convaincre les membres de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) de revoir à la baisse une nouvelle fois leurs quotas de production afin de maintenir les prix à un niveau moins pénalisant. Justement, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a indiqué à ce propos samedi que des consultations entre les pays membres de l'Opep se tenaient actuellement pour examiner la situation du marché pétrolier à la lumière de la chute des cours. M. Khelil a précisé que si un consensus se dégageait pour la tenue d'une réunion extraordinaire de l'Opep et pour une nouvelle réduction de la production, l'Algérie soutiendrait cette démarche. Quoi qu'il en soit, le président iranien viendra à Alger avec la ferme intention de persuader son homologue algérien de la nécessité d'aller dans le sens d'une nouvelle réduction de la production de l'Opep. Et sa détermination sera d'autant plus grande qu'il a obtenu du président vénézuélien, Hugo Chavez, l'assurance qu'il l'aidera à serrer les vannes du marché pétrolier mondial. Les présidents des deux pays, qui se sont rencontrés au début de la semaine à Caracas, ont appelé en effet à de nouvelles réductions de la production de l'Opep. M. Ahmadinejad a ajouté que les deux pays allaient « continuer à agir comme toujours d'une même voix ». Le président iranien, dont le pays est un membre important de l'Opep, a même souhaité l'émergence d'un axe indépendant. « Aujourd'hui, nous savons qu'il y a trop de brut sur le marché, donc nous soutenons et nous soutiendrons les décisions pour réduire la production », a-t-il poursuivi. C'est d'ailleurs à cette occasion que le Venezuela et l'Iran ont décidé de créer une compagnie pétrolière commune. En plus de la question lancinante des prix du brut, il y a lieu de s'attendre à ce que Abdelaziz Bouteflika et Mahmoud Ahmadinejad parlent de nucléaire. L'hypothèse se tient d'autant que des informations récurrentes ont présenté l'Algérie comme un pays qui assure une médiation dans ce dossier explosif de la crise du nucléaire iranien. Il n'est pas à écarter non plus qu'il y ait un échange de points de vue sur l'Irak. Le fait est plus que probable, d'autant que des diplomates iraniens ont été arrêtés le week-end dernier par l'armée américaine au nord de Baghdad. Une certitude : ce ne sont pas les sujets qui manqueront. Les voyages effectués dernièrement par Chakib Khelil en Iran prouvent, à tout le moins, que la concertation est régulière entre Alger et Téhéran. A préciser que M. Ahmadinejad était, hier, en Equateur où il a participé aux cérémonies d'investiture du nouveau président Rafael Correa. Il avait entamé samedi une tournée en Amérique latine par une visite au Venezuela, l'un des principaux soutiens étrangers du programme nucléaire mis en place par son pays.