En provenance de l'Amérique latine où il vient d'effectuer une tournée qui l'avait mené au Venezuela et en Equateur, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad effectuera aujourd'hui une escale technique de quelques heures à Alger. Il sera accueilli à l'aéroport Houari Boumediène par le président Bouteflika avec lequel il aura des entretiens au salon d'honneur de l'aéroport. C'est la première rencontre entre les deux chefs d'Etat depuis l'arrivée à la présidence de la République iranienne de M. Ahmadinejad en 2005. A la dernière assemblée générale des Nations unies qui aurait pu fournir une opportunité pour les deux hommes de se rencontrer, les chemins des deux chefs d'Etat ne se sont pas croisés. Le violent réquisitoire auquel s'était livré le président iranien à la tribune des Nations unies contre les Américains avait mis dans l'embarras de nombreux chefs d'Etat de pays qui ne passent pas tous pour être en brouille avec Téhéran. En 2000, en marge de la tenue de l'Assemblée générale des Nations unies, le président Bouteflika et l'ancien président réformateur iranien, M. Mohammad Khatami, avaient scellé la normalisation des relations entre Alger et Téhéran interrompues dans les années 90 suite au soutien apporté par Téhéran aux islamistes et terroristes algériens. S'ensuivit un réchauffement des relations politiques entre les deux pays qui s'était traduit par la visite d'Etat effectuée par le président Bouteflika en octobre 2003 suivie par celle de l'ancien président réformateur iranien à Alger en novembre 2004. La venue aux affaires du président ultra-conservateur M. Ahmadinejad voué aux gémonies par les Américains pour ses positions anti-américaines a d'une certaine manière, sinon freiné l'élan qu'avaient pris les relations bilatérales sous Khatami, du moins ralenti l'évolution de ses relations qui sont loin d'atteindre le niveau politique souhaité de part et d'autre. Il est vrai que l'Algérie, que ce soit dans les forums internationaux ou en d'autres occasions, ne se prive pas de réitérer avec force ses positions de principe sur certains dossiers sensibles qui font l'actualité internationale tels que le dossier du nucléaire et les représailles qui pèsent sur certains pays qui s'invitent dans le club fermé des puissances nucléaires comme l'Iran ou la Corée du Nord. La rencontre internationale sur le nucléaire en Afrique organisée cette semaine à Alger en présence du directeur général de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) se veut un plaidoyer de la part de l'Algérie, pays producteur d'énergie nucléaire à des fins civiles, en faveur des pays en développement en vue d'accéder à cette énergie de l'avenir. Le président iranien aura certainement apprécié à sa juste valeur la position de principe de l'Algérie sur ce dossier. La question qui reste toutefois posée est de savoir comment préserver aussi les intérêts de l'Algérie dans ses relations internationales par rapport aux changements politiques intervenus en Iran. Une visite d'Etat – nous n'en sommes pas encore là – du président iranien dont les déplacements à l'étranger sont rarissimes depuis son intronisation à la tête de l'exécutif est certes un acte souverain pour le pays hôte, mais c'est aussi qu'on le veuille ou pas un geste politique qui ne laisserait pas indifférent. En décidant de s'arrêter à Alger, le président iranien a peut-être voulu témoigner sa gratitude à l'Algérie pour son soutien dans la crise sur le nucléaire qui l'oppose aux Américains mais aussi indirectement « forcer » la main à des pays émergents comme l'Algérie pour faire bloc contre l'unilatéralisme américain.