Les chefs d'entreprises et les simples citoyens titulaires d'un compte courant au niveau d'une de nos banques publiques ont eu la très désagréable surprise d'apprendre qu'ils doivent désormais justifier l'usage qu'ils comptent faire de leur propre argent chaque fois qu'ils effectuent un retrait de plus de 200 000 DA. Outre le fait que la banque domiciliatrice doit être informée 24h à l'avance du retrait, le titulaire du compte doit remplir un formulaire en répondant notamment à la question ainsi posée : « A quoi destinez-vous cet argent ? » La scène à laquelle nous avons assisté au niveau d'une agence algéroise du CPA avait quelque chose de pathétique. La personne ayant été sommée de justifier les raisons de son retrait avait cru s'en tirer en mentionnant : « Pour des besoins personnels. » Une formule un peu trop évasive au goût de l'agent du CPA, qui a exigé des informations plus précises. Ce dernier refusa et quitta en colère cette agence, ne comprenant pas pourquoi il ne pouvait plus disposer de son propre argent et le dépenser comme il l'entend. Nous avions un moment cru qu'il s'agissait là d'un fait bureaucratique isolé, mais renseignement pris, il s'agit bel et bien d'une directive adressée par on ne sait quelle autorité nationale à l'ensemble des banques publiques. Renseigner le formulaire qui vous est présenté sur la destinations des dépenses de votre propre argent est aujourd'hui une exigence pour toute personne venue retirer plus de 200 000 DA. Faute de renseignement sur le motif de cette nouvelle réglementation, les chefs d'entreprises et autres titulaires de comptes bancaires parlent déjà d'enquêtes déclenchées immédiatement après chaque retrait de fonds pour en suivre la destination. La lutte contre le blanchiment d'argent justifierait cette action, selon un chef d'entreprise outré par cette dérive, et elle ne serait pas la seule de la réforme bancaire qui est menée en vase clos. Il évoque des chèques qui retournent impayés alors que les comptes bancaires concernés sont suffisamment alimentés. Les dysfonctionnements du nouveau système de paiement n'expliquent pas à eux seuls ces trop fréquents ratés qui causent d'importants préjudices aux entreprises qui ne sont jamais indemnisées par ces banques défaillantes. Un chef d'entreprise nous a affirmé qu'il a déjà engagé des démarches pour changer de banque, son choix s'étant porté sur une banque française qui fonctionnerait beaucoup plus rationnellement que nos banques publiques. Il affirme également être déçu par la réforme du système bancaire tant attendue pour finalement accoucher de décisions qui au bout du compte ne font qu'exacerber les dysfonctionnements qui existaient déjà. Mais, ajoute-t-il, « le bouchon est vraiment poussé trop loin avec l'obligation que l'on vous fait de justifier ce que vous aller faire avec votre propre argent ». N'est-ce pas effectivement là le meilleur moyen pour pousser les citoyens à fuir les banques, aggravant ainsi les fléaux de la thésaurisation et du paiement en espèces qui font déjà beaucoup de mal à notre économie ? Exportations : obligation d'utiliser des moyens de manutention aux normes Pour que les produits algériens soient admis sur le sol européen et autres zones (USA, pays d'Asie et autres), il est désormais exigé de nos exportateurs qu'ils utilisent impérativement des emballages et des moyens de manutention en bois (palettes) conformes à la norme phytosanitaire internationale n°15 plus connue sous le jargon « norme NIMP15 ». La directive en question prévoit que si les produits exportés n'arrivent pas à destination dans des emballages ou des palettes conformes à cette norme, l'organisme de contrôle du pays de destination se doit de retourner les produits à l'expéditeur ou, le cas échéant, de remplacer les emballages ou les palettes, au frais de l'expéditeur. L'Algérie, qui n'a toujours pas intégré ce prérequis à l'exportation, court le risque de voir ses exportateurs pénalisés. Certains pourraient même subir des refoulements, voire des destructions de marchandises si les organismes algériens concernés, comme le ministère de l'Agriculture, l'INAPI et l'Association nationale des exportateurs, n'orientent pas les exportateurs vers les producteurs d'emballages et de palettes conformes aux exigences internationales.