Après voir accueilli le Mondial cet été, l'Allemagne va être le terrain d'un autre événement majeur du football, avec l'élection à la présidence de l'UEFA vendredi à Dusseldorf, dans un match entre deux candidats, Michel Platini et Lennart Johansson, président sortant. Dans la peau du challenger, Platini, 51 ans, incarne la voie du changement. L'ancien joueur vedette des Bleus et de la Juventus de Turin se dit à l'écoute des « petits » pays composant l'UEFA (52 fédérations). Le Français veut redonner la « primauté au jeu » et insiste sur une « régulation plus sociale que financière ». Le président sortant, le Suédois Johansson, 77 ans, se présente comme le garant de la « stabilité » et de la « continuité ». Il met en avant son expérience à la tête de l'exécutif européen du ballon rond (il est président depuis 1990) et son bilan économique. Sous ses derniers mandats (quatre au total), l'UEFA a connu des années fastes, avec plus de 5 milliards d'euros générés depuis 1992-93 par la Ligue des champions, la compétition européenne phare. L'histoire de la campagne a été mouvementée. Le premier à dévoiler ses cartes a été l'ancien numéro 10 des Bleus, annonçant sa candidature dès le 15 mars 2005. Rebondissements On s'achemine alors vers un duel savoureux avec un autre ancien joueur mythique, l'Allemand Franz Beckenbauer. M. Johansson annonce lui dès janvier 2006 qu'il a décidé de prendre sa retraite. Mais quelques jours après la fin de la Coupe du monde cet été en Allemagne, les rebondissements sont de taille. Le président suédois annonce qu'il brigue un nouveau mandant en dépit de son âge avancé et le « Kaiser » renonce officiellement. Pour reprendre la main, « Platoche » livre son programme, soulignant sa volonté de « renforcer la solidarité des échanges entre les associations et les membres » de l'UEFA. Son adversaire prend son temps avant de rendre public son « manifeste », celui d'un « héritage à préserver ». Les premiers sondages estivaux non-officiels donnent une large victoire au président sortant. Le 2 janvier, un nouveau coup - attendu - est porté au clan du Français quand le président de la Fédération allemande de football (DFB), Theo Zwanziger, se déclare en faveur de M. Johansson. C'est une nouvelle grosse fédération qui tombe dans le giron du Suédois, déjà fort du soutien de quatre vice-présidents de l'UEFA -MM. Senes Erzik (premier vice-président turc), Per Ravn Omdal (deuxième vice-président norvégien), Angel Maria Villar Llona (troisième vice-président espagnol), Geoffrey Thompson (quatrième vice-président anglais) - et d'un trésorier de cette instance, le Dr Mathieu Sprengers (trésorier néerlandais). Passe décisive de Blatter Mais, contrairement à ce que beaucoup pensent, les petites fédérations n'emboîtent pas le pas de ces représentants de « grands » européens. Or, les 52 nations qui composent l'UEFA ont chacune une voix. Ce qui veut dire que la voix de l'Allemagne a autant de poids que celle de l'Arménie. Et l'ancien capitaine de l'équipe de France est encore revenu à la marque, grâce à une passe décisive de Joseph Blatter, président de la FIFA, lui accordant sa « sympathie » lors d'une conférence de presse à Paris dans les nouveaux locaux de la FFF, inaugurés la veille - bel outil de promotion pour le candidat Platini - et visités par 42 associations de football européennes. Désormais, les observateurs promettent un score serré à Dusseldorf. Comme dans tant d'autres élections, le rôle de l'arbitre sera tenu par les indécis, qui risquent de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre au tout dernier moment : « Les gens peuvent dire quelque chose et faire le contraire », a d'ailleurs reconnu dernièrement M. Johansson.