On se plaît souvent à qualifier Israël de démocratie. Mais sans constitution, oublie-t-on de souligner. Et cela, se rend-on compte, mais sans jamais l'avouer ou le reconnaître, rend difficilement lisible le système politique israélien. Ce qui permet à des forces autres que les acteurs traditionnels de profiter de toutes ses failles, l'envahir et le dominer. Ainsi en est-il de l'avenir politique du Premier ministre israélien et de son ministre de la Défense, tous les deux perçus comme des intrus, et que l'armée israélienne, véritable maître du jeu, s'apprête à mettre hors du champ politique. Le premier parce qu'il a osé parler de frontières pour un Etat qui n'en reconnaît aucune, et le second parce qu'il croyait commander les militaires. Et ne voilà-t-il pas un autre indice de ce pouvoir. Il a été donné hier par un général. Même placé en réserve, celui-ci se permet de parler avec une très grande assurance, au point d'anticiper sur la prochaine rencontre palestino-israélienne, sous les auspices des Etats-Unis. Il balaie d'un revers l'idée même de création d'un Etat palestinien indépendant. « Le règlement du conflit israélo-palestinien, que nous pourrons résoudre je l'espère, mais je ne pense pas dans un futur proche, ne conduira pas à la stabilité du Proche-Orient », a déclaré le général de réserve, Yaalon, lors de la conférence annuelle de Herzliya (nord de Tel-Aviv) sur les questions stratégiques d'Israël. Et pourtant, ne cessent de rappeler les spécialistes les plus réputés, l'instabilité dont il est question découle justement de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et arabes. On ne refait pas l'histoire, mais les Israéliens essayent chaque fois de la réécrire. Selon leur point de vue, bien entendu. Et on se rend compte à quel point ce général croit lui aussi faire prévaloir la force et le mensonge. Après Ariel Sharon, autre général versé à la politique comme tant d'autres, ce militaire confirme la fin de la feuille de route, le dernier plan de paix international supposé résoudre le conflit israélo-palestinien, avec justement la création de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte. Même vidé de sa substance par Israël, qui refuse tout engagement dans le temps, il est supposé constituer la base des discussions que la secrétaire d'Etat américaine s'apprêtait à avoir avec ses interlocuteurs palestiniens et israéliens. A entendre ce général, même cette rencontre tripartite n'a plus lieu d'être. Il prouve lui aussi qu'Israël refuse obstinément la paix.