Les présidents algérien, égyptien et libyen ont tenu, hier à Syrte (Libye), une rencontre informelle de près de trois heures, à huis clos, pour « échanger » leurs points de vue sur des questions d'intérêts communs. Ce mini-sommet, duquel absolument rien n'a filtré, devait initialement regrouper aussi les chefs d'Etat tunisien, soudanais et yéménite. Ces derniers n'y ont finalement pas pris part. La présidence tunisienne a justifié la défection de Zine El Abidine Ben Ali en invoquant une inflammation du pharynx. En revanche, Khartoum et Sanâa n'ont pas jugé utile de dire pourquoi Omar Al Bachir et Ali Abdallah Salah n'ont pas honoré les invitations de leur homologue libyen. L'attitude des dirigeants soudanais et yéménite est difficile à saisir, d'autant plus que leur présence au rendez-vous de Syrte ne les aurait engagé en rien dans la mesure où il ne s'agissait que d'une concertation informelle. Cette réunion était destinée, entre autres, à préparer le sommet arabe de Riyad et à permettre une concertation au plus haut niveau sur des dossiers aussi sensibles que la problématique du terrorisme au Sahel, l'immigration clandestine, la crise du Darfour, le conflit somalien ou le début de guerre civile au Tchad. Mais il n'était pas spécialement attendu que le rendez-vous débouche sur des résolutions particulières. A-t-on exercé des pressions sur le Soudan et le Yémen pour qu'ils n'y participent pas ? Rien n'est à exclure. Une chose est certaine, le prochain sommet arabe, prévu au mois de mars prochain à Riyad, va, comme à chaque fois, (re)poser des questions cruciales (Palestine, Irak, Ethiopie et Soudan) sur lesquelles les Etats arabes ne se rejoignent pas forcément. Ainsi, les grandes interrogations suscitées par les absences des présidents soudanais, tunisien et yéménite ont été accentuées par le secret qui a entouré la réunion entre Bouteflika, El Gueddafi et Moubarak.