Bien qu'il n'existe pas de statistiques, cependant, rien qu'un petit tour aux alentours du marché principal de la ville permet de conclure que l'activité de la vente du pain traditionnel (Matlouaa) offre à des centaines de personnes, des hommes et des femmes de tout âge, une alternative à défaut d'un emploi stable pour subvenir aux besoins de leurs familles. La ville n'a jamais connu le phénomène de la sorte. Autrefois, il y avait quelques vendeurs et le besoin pour ce pain n'était pas exprimé car, presque toutes les familles préparaient le pain chez elles. Les dernières années, cette activité commence à rivaliser sérieusement avec la boulangerie moderne, que ce soit sur la quantité que sur les variétés du pain fabriqué. Quelques boulangeries traditionnelles sont ouvertes dans les quartiers les plus pauvres de la ville. La plupart des familles des quartiers sud de la ville vivent de cette activité. Dans leurs foyers, les femmes fabriquent le pain avec de simples moyens (des tagines en fonte et des petits fours à deux étages, fabriqués localement) et les hommes le distribuent soit aux épiceries soit le vendent directement sur la grande place du marché. D'un côté, l'exode des populations des villages avoisinants la ville, fuyant le terrorisme et ne possédant aucune qualification ou métier, de l'autre, la crise économique que traverse le pays ne permettent pas la prise en charge de l'emploi de cette main d'œuvre. Dans l'une de ces boulangeries, un local bien situé et bien aménagé, le travail se fait en équipe de quelque six à huit femmes et jeunes filles, selon la demande et la période, et tout s'effectue à la main, de la préparation à la cuisson. Le prioritaire est catégorique sur les conditions difficiles d'exercer ce métier et que les gains générés, comme il le dit si bien, permettent juste de les nourrir dignement, mieux que de les voir verser dans la contrebande ou dans le plus vieux métier du monde. Cela est bien valable pour les centaines de familles qui vivent de cette activité. Le propriétaire est très content de son pain car il est bien vendu et que même un jeune trouve l'idée de distribuer ce pain même dans d'autres villes. La cherté de la farine du blé tendre et de l'orge, les coûts du gaz et du loyer ainsi que les salaires font que le prix d'un grand pain « matlouaa » est fixé à 50 DA, celui d'un petit est de 20 DA, alors que le pain d'orge, bien apprécié par les consommateurs, est fixé à 30 DA. Certes, ce créneau est une réelle chance pour des centaines de personnes et leurs familles. Hormis les problèmes de la protection sociale des travailleurs et le contrôle d'hygiène, les autorités locales doivent trouver des solutions pour mieux organiser cette activité et surtout trouver un espace adéquat pour la vente. L'aménagement du marché central par la construction d'un équipement en plusieurs étages, permet de résoudre les problèmes des vendeurs à la sauvette.