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Aïn Témouchent
La misère gagne du terrain
Publié dans El Watan le 19 - 10 - 2005

Il est 12h45. Une longue file de paniers tient la chaîne sous le mur à l'entrée de Dar El Ihsan, le siège de l'Association des personnes âgées sise au quartier Sidi Saïd, à Aïn Témouchent. Leurs propriétaire, des femmes pour l'essentiel, sont assises sur le trottoir d'en face, à l'ombre d'un autre mur.
La distribution des 500 repas cuisinés à emporter, pour quatre personnes chacun, a habituellement lieu à 12h. Aujourd'hui, le livreur de lait a mis du retard. Les rationnaires vont ainsi attendre patiemment jusqu'à 13h, mais sans finalement emporter le nourricier liquide. La distribution commence. Toutes sortes d'ustensiles en fer blanc ou en plastique sont sorties des paniers pour être remplis d'une soupe et d'un ragoût de pois chiche accompagnés de deux baguettes de pain et d'un dessert. Ceux et celles qui en bénéficient ne rappellent en rien les « miskine » d'antan. Ils ne transpirent pas la misère, mais plutôt l'impécuniosité. L'Algérie officielle, depuis la deuxième moitié des années 1990, a choisi de les désigner sous le vocable de « el mou'ouazine ». Pour l'essentiel, ce sont des veuves ou des femmes divorcées en charge d'une famille. Elles joignent difficilement les deux bouts, s'adonnant à des ménages, émargeant au filet social, à l'AFS et à l'assistance de la traditionnelle solidarité en milieu rural. Les hommes, eux, sont au chômage ou alors gagnent un salaire de misère. L'indigence à Témouchent ne recouvre cependant pas cette seule réalité. Elle se décline comme ailleurs vers le bas en divers degrés dans les abysses de la pauvreté. Elle se fait alors visible selon son niveau en certains espaces et pas en d'autres, bien qu'en région rurale l'indigence soit moins manifeste que dans les grands centres urbains. La détresse sociale y paraît moins criante en partie du fait que le phénomène SDF y est rare. Car même miséreux, on possède en général un toit au-dessus de sa tête, fut-il un taudis. Mais comme ailleurs, et même avec un toit, le dénuement à force de persistance fait parfois perdre à ceux qui l'endurent tout scrupule. Ainsi, en telle maison, la famille s'est résolue à l'exercice d'un illicite débit de boissons alcoolisés, en telle autre une malheureuse qui possède quelques attraits féminins les monnaye au bord d'une route nationale à des automobilistes lubriques. Le dénuement possède également d'autres lieux de présence que les abords de route ou de Dar El Ihsan. Ce sont ceux de la mendicité, même si « lilah oua loualdine » s'entend peu à travers le Témouchentois. Il n'y a pas de mendiants à l'année, l'appel à la charité n'étant pratiqué qu'épisodiquement, au gré des moments d'infortune ou plutôt de plus grande détresse. On les rencontre père ou mère de famille au marché, s'approchant de vous humblement pour solliciter l'offrande d'un kilo d'un légume de première nécessité. Ils sont là aussi les jours de paie aux alentours de la poste et ou des banques. D'autres encore, en ce Ramadhan, s'en vont à l'autre bout de la ville de Témouchent, dans un lieu isolé, au centre médico-pédagogique pour enfants inadaptés mentaux. « C'est la catégorie trois. La première étant grosso modo celle qui dispose d'un salaire de plus de 8 000 DA, mais pas assez pour se hisser de la précarité. La seconde en gagnant moins et la troisième est dépourvue de tout revenu », nous explique le président de CRA local. Ce sont en général des personnes seules qui ne viennent pas à midi pour emporter un des 123 repas offerts par le centre. Elles sont là plutôt à l'heure du f'tour pour le rompre au sein du réfectoire. parmi eux, des femmes, des SDF, des « talabas » (étudiants) des mosquées et des manœuvriers de chantiers du BTP. Mais au fait, combien sont-ils les gens dans le besoin à travers la wilaya ? En 2002, on dénombrait 8 592 familles. En 2003, elles étaient de 10 659 pour passer à 11 638 en 2004. Quant au nombre de 13 500 tel qu'arrêté par la DAS pour 2005, tout comme les premiers, il ne correspond qu'à celui des kits disponibles, selon l'aveu des responsables de bureaux communaux de l'action sociale : « Il n'existe nulle statistique fiable, car il n'y a pas eu d'enquêtes sociales sérieuses menées sur le terrain. Et puis, sur quels critères peut-on déterminer le niveau de pauvreté ? En tout cas, celui d'un revenu inférieur à 8 000 DA pour la délivrance d'une attestation d'indigence a largement démontré son manque de pertinence. » Un tour du côté de l'OPGI nous fournit un autre aperçu de la situation. Son directeur avoue que l'impécuniosité d'un certain nombre de locataires fait que le recouvrement des loyers pour un parc de 10 695 logements fluctue entre 50% et 60% selon les années, sachant toutefois que la wilaya de Témouchent est classée en troisième position au classement national des OPGI pour ce qui est du meilleur recouvrement. Il indique qu'il existe entre 1000 et 1500 familles qui sont régulièrement concernées par le rééchelonnement de leurs créances et que parmi elles, celles des fonctionnaires figurent dans 25% de leur total, les chômeurs le sont dans 20% et les retraités dans 10% seulement. « Mais ce paradoxe n'est qu'apparence, les premiers finissent par s'acquitter de leurs créances qu'ils laissent parfois courir pour couvrir d'autres dépenses, alors que les autres ne règlent aucun loyer. Quand je dis retraité, il s'agit des personnes dont le niveau de pension tourne autour de 3000 à 4000 DA. » Notre interlocuteur indique, en outre, que c'est plutôt en zone de montagne et en zone côtière que le recouvrement est plus faible. Il ne l'est mieux en zone de plaine où l'activité économique est plus conséquente. En zone côtière, à Beni Saf comme à Terga surtout, les locataires libèrent leurs appartements l'été pour les sous-louer à des vacanciers. De la sorte, ils arrivent à payer leurs arriérés et se renflouer quelque peu. A Témouchent comme en d'autres agglomérations, c'est une autre pratique : une famille élargie aux enfants et petits-enfants, vivant dans un haouch, lorsqu'elle est relogée en plusieurs logements, se reconstitue en un seul et sous-loue les autres, ce qui lui permet de payer les loyers et de réaliser un gain qui contribue à sa subsistance. Quant au chômeur que son statut, selon les critères d'attribution, avantage en priorité à l'accession au logement social, il sous-loue celui qu'il obtient pour aller gîter sous un taudis à moindre frais. C'est dire, comme il viendrait à l'esprit d'aucun de le penser, s'il est légitime de s'étonner que l'Etat, qui par ailleurs accorde par CNL interposée des subventions à l'accession à la propriété immobilière, ne consent aucune aide au loyer en faveur de ceux qu'il avantage en priorité dans l'attribution d'un logement social locatif, cela de façon qu'ils puissent le garder.

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