C'est un nouveau vent de panique qui s'est installé en Europe après l'annonce par le ministre anglais de l'Environnement de la découverte d'un foyer infectieux du virus H5N1 dans un élevage d'oies dans l'est de l'Angleterre. Cette annonce fait suite à celle du mois dernier qui faisait référence à la résurgence en Hongrie de la grippe aviaire après « une accalmie » de plus de six mois dans le Vieux continent. Deux éléments de taille vont stupéfier la communauté scientifique vétérinaire attachée à la résolution du problème lié à la grippe aviaire : le premier consiste dans le fait qu'après analyses des 2500 volailles trouvées mortes en Angleterre, il est apparu qu'il s'agissait du même type de souche pathogène retrouvé en Hongrie le mois dernier. Le deuxième élément est que la période de migration est passée. En effet, s'il est admis parmi la communauté scientifique que la propagation du virus se fait via les flux migratoires d'oiseaux sauvages, il n'en demeure pas moins que la dernière découverte du virus en Angleterre s'est faite, alors que ladite période est pratiquement révolue. Autre élément quelque peu effrayant : une jeune femme de 22 ans est morte le 17 janvier dernier après avoir développé les symptômes de la grippe aviaire. Sa mère l'avait précédée de quelques jours, selon les informations divulguées par l'ensemble des agences de presse française et algérienne. Pour rappel, le Nigeria est le second pays à avoir vu se développer le virus. Après l'Egypte. Le Nigeria est également l'un des pays les plus peuplés du continent africain, avec 140 millions d'individus. Quels sont les risques encourus en Algérie ? Les autorités du pays sont-elles alertées et existe-t-il un plan d'urgence pour parer à l'éventualité d'une propagation du virus s'il venait à « occuper » notre territoire ? « La réponse est oui pour l'ensemble de ces questions », répond Dr Boughalem, cadre au ministère de l'Agriculture. Avant tout, le risque encouru par l'Algérie est plus important cette année que l'année dernière, pour la simple raison que la maladie s'est développée dans le monde et que logiquement, nous sommes plus exposés. Mais si la courbe est tendue vers le haut, elle s'affaisse quelque peu par le fait que le nombre d'oiseaux migrateurs traversant le territoire national est moins important cette année que l'année dernière. « Ce qui fait migrer un oiseau, c'est la recherche de contrées aux températures plus clémentes. Or l'Europe navigue aujourd'hui avec un climat quasi printanier, suffisamment incitatif pour que l'oiseau s'installe chez eux pour l'hiver », explique Dr Boughalem. Environ 200 000 à 300 000 oiseaux migrateurs traversent l'Algérie chaque année. Il faut en compter moins, cette année, sans que personne ne puisse quantifier leur nombre. Autre phénomène rapporté par le cadre du ministère est que certaines zone humides telles que Aïn Mesla sont carrément devenue des zones asséchées et donc inexistantes. Ce qui a conduit cette année à une absence remarquée d'oiseaux migrateurs dans cette région, puisque leur lieu d'habitat n'a pas été alimenté cette année par la pluie. Si la fréquentation des oiseaux migrateurs a baissé cette année, il reste que des mesures sont prises et des contrôles assurés à travers tout le territoire. Du moins, c'est ce qui ressort des chiffres avancés par Dr Boughalem concernant le nombre d'interventions sur les zones humides. En effet, depuis octobre 2006, quelque 709 prélèvements ont été effectués et envoyés aux 7 laboratoires du pays pour contrôler la présence ou non du virus dans les sites fréquentés par les oiseaux migrateurs. Si un seul test devait s'avérer positif ou si la mort suspecte d'un élevage d'oiseaux était repérée, il existe un plan d'urgence dont les principales modalités sont connues des walis, des présidents d'APC, des vétérinaires et des services de sécurité. Une première enveloppe avait été débloquée en novembre 2005, suite à une réunion interministérielle pour permettre de répondre à une crise qui s'annonçait planétaire. La première enveloppe avoisine les 180 millions de dinars. La seconde qui date de janvier 2006 est de 100 millions de dinars. Cet argent a permis entre autres d'équiper les inspections de moyens de protection, de renforcer les laboratoires en capacité de diagnostics et de mobiliser des hommes autour de la question.