La capitale se vide de ses vidéo-clubs. Il suffit de faire un petit tour pour s'en rendre compte. La plupart de ces boutiques ont totalement changé d'activité. Quelques-uns se sont « reconvertis » dans la vente des DVD. Les K7 vidéo ont fait leur temps et sont en passe de devenir des objets rares… Si de nombreux foyers conservent toujours leur magnétoscope, beaucoup ont investi dans les lecteurs DVD, CD et autres supports plus intéressants puisque plus durables. Du moins en théorie. C'est que ces supports ne sont pas toujours de bonne qualité ! Un ancien « vidéoclubiste » qui, désormais, n'a d'autre choix que d'abandonner la location au profit de la vente, nous raconte son désarroi. « Il n'y a plus que quelques anciens habitués du quartier qui viennent louer des films, plus pour moi que pour eux ! », nous affirme Djalil. Dans son local, on trouve de tout : K7 vidéo, CD, DVD, VCD. « Les K7 ne marchant plus, j'ai décidé de les mettre à la vente pour m'en débarrasser. Tous préfèrent avoir des films en DVD… Pourtant, il y a un sérieux problème de qualité. » Djalil nous explique qu'un DVD (ou un CD) original peut avoir une durée de vie quasi éternelle si on en prend soin, mais ce n'est pas le cas pour ceux qu'on trouve sur nos étals. « Les gens qui téléchargent des films ou de la musique utilisent des supports enregistrables qui ne coûtent pas plus de 50 DA. Ils sont de si mauvaise qualité qu'au bout du troisième usage, ils sont totalement rayés et donc à jeter », nous explique Djalil. Pour ce dernier, le vidéo-club n'a plus lieu d'être, du moins tant que les téléchargeurs ne se soucient pas de la qualité. En effet, le téléchargement n'a pas encore tué les vidéoclubs qui ont toujours la possibilité de changer le support à louer. « Actuellement, les K7 ont une durée de vie bien plus longue que les DVD, c'est un comble ! », nous dit Djalil qui ne jette pas pour autant la pierre au téléchargement. « Depuis qu'on n'a plus les chaînes satellitaires, on n'a plus accès aux films plus ou moins récents. Le téléchargement permet de combler ce vide. Pour les jeunes, cinéphiles ou non, c'est une grande ouverture. » Pour Djaâfar, un jeune qui loue des films et qui, depuis quelque temps, les télécharge ou les achète, « Internet est, à ce jour, la seule ouverture par laquelle on peut encore s'engouffrer. Un peu comme la parabole et le satellite il y a quelques années. sans cela, je n'ose pas imaginer comment on aurait vécu ! », nous dit-il, avant d'ajouter : « habituellement, j'achète mes films chez un vendeur à la sauvette. Il a un choix incroyable. Non seulement il vend les derniers films sortis aux Etats-Unis, mais, en plus, il essaye d'avoir un maximum de classiques. Bon, il vend aussi des trucs racoleurs, comme les vidéos qui ont circulé après les inondations de Bab El Oued et le séisme de Boumerdès — qui ont un succès fou — mais, surtout, il vend les films et séries algériennes que personne n'a encore eu l'idée de diffuser. » De toutes les modes commerciales, finalement, seule celle des pizzerias et fast-food a eu la vie longue. Les vidéo-clubs se voient aujourd'hui emportés par l'engouement extraordinaire des Algériens pour les nouvelles tchnologies de communciation. Les NTIC disiez-vous ? « En'tic » comme le veut l'expression populaire. Quand aux droits d'auteurs, souvent pour se justifier, les contrevenants invoquent la déliquescence du réseau des salles de cinéma et le peu de diversité des programmes de la télévision nationale.