Au total, 17 expériences ont été effectuées par la France coloniale sur le sol du Sud algérien, dont quatre explosions de bombes atomiques à la surface du sol à Reggane. La plus puissante était celle de 117/127 KT en février 1965. Ainsi, dès 1984, sont apparus des cas de leucémie et de cancer dans la région. Cependant, aucune statistique officielle n'existe pour évaluer le taux de radioactivité et des personnes contaminées. Dans la région de Reggane, les radiations sont toujours présentes et menaçantes. C'est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que la France a lancé son programme nucléaire avec le fervent désir de concevoir sa propre arme à destruction massive, et de là, obtenir le statut de puissance mondiale aux côtés des USA, de l'Angleterre et de l'ex-URSS. Alors, un commissariat à l'énergie atomique a été créé par le général de Gaulle, le 8 mai 1945, qui avait pour mission la conception de la bombe atomique. Selon la publication du centre national d'études et de recherches sur le mouvement national et la révolution du 1er novembre 1954, sur les essais nucléaires français en Algérie, la conception de la bombe atomique s'est effectuée en trois phases échelonnées sur quinze ans. La première étape, de 1945 à 1951, a été consacrée aux études scientifiques et techniques. La seconde, en 1952, a permis la mise sur pied d'un budget spécial pour le soutien logistique et le programme d'acquisition du plutonium. La dernière étape, à partir de 1955, a abouti à la construction de la bombe atomique en collaboration avec le ministère des Armées et le Commissariat à l'énergie atomique pour le lancement des travaux d'expérimentation, suite au refus des USA et de l'Angleterre de lui fournir les renseignements relatifs à la bombe. C'est le Sahara algérien, plus précisément Reggane (150 km au sud d'Adrar) qui a été choisi comme champ d'expérimentation. Cette décision a été prise en 1957 par de Gaulle. L'installation de la base des essais atomiques a été confiée à la 2e compagnie de l'armée française qui a dressé son PC à Hamoudia, une localité située à 65 km au sud de Reggane. Séquelles indélébiles Cette opération a mobilisé 6500 Français, entre chercheurs, savants, ingénieurs et soldats, ainsi que 3500 Algériens, de simples ouvriers, avec une majorité de détenus. La première, de 70 kilotonnes, le 13 février 1960, à Hamoudia, celle inférieure à 20 kilotonnes, le 1er et le 4 avril 1960, et une autre supérieure à 20 kilotonnes, le 25 avril 1961. Et puis 13 autres explosions, mais souterraines cette fois-ci, au Sud-Est algérien, à In Ikker (région de Tamanrasset), du 7 novembre 1961 au 16 février 1966. Ces expériences atomiques ont contaminé de vastes zones entre l'Algérie et le Tchad, selon certaines publications, et ont laissé des traces indélébiles sur la nature et les humains. Des mesures ont été prises par les services de l'environnement qui confirment cette présence, avec un pic au point zéro. Cependant, des relevés topographiques ont été effectués sur le terrain et une clôture de 12 kilomètres linéaires, avec des panneaux de signalisation, est prévue pour matérialiser cette zone dangereuse. Selon M. A. Ksasi, président de l'association 13 février 1960, agréée en 1997 à Reggane et qui compte près de 300 adhérents, les séquelles sont encore perceptibles sur certaines personnes qui apportent leur témoignage. Cette association souffre du manque de moyens pour pouvoir poursuivre ses recherches dans ce domaine.