Les emplois d'attente absorbent 80% des nouveaux postes créés », a révélé, jeudi dernier, Aïcha Edjkouane, experte au Conseil national économique et social (CNES), à l'occasion de la présentation du 6e Rapport national sur le développement humain (RNDH). Le rapport, qui valide les statistiques officielles diffusées sur la base des enquêtes de l'Office national des statistiques (ONS), attire l'attention sur la part importante des emplois « précaires » créés à l'aide des dispositifs relevant de la solidarité nationale. Il est utile de préciser que les mécanismes de création d'emplois dits d'« attente » au nombre de quatre sont : les Travaux d'utilité publique à haute intensité de main-d'œuvre (TUP-HIMO), les Contrats de pré-emploi (CPE), les Activités d'intérêt général (AIG) et les Emplois salariés d'initiatives locales (ESIL). Les données du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale sur lesquelles s'appuie une partie de l'étude confirment le caractère « précaire » des postes créés. D'après le RNDH qui prend pour point de départ l'année 2000, « le rythme de création d'emplois enregistré est de 6,6% en moyenne par an, correspondant à la création de plus de 1,8 million d'emplois nouveaux. Cette performance a permis non seulement de satisfaire toute la demande nouvelle de travail, estimée à 924 000 personnes sur la période, mais encore de réduire sensiblement le stock de chômeurs de près de 900 000 personnes et le taux de chômage de 12 points de pourcentage. Ce dernier atteint 15,3% en 2005 et 12,4% en 2006 ». Sur le plan global, le CNES estime les résultats obtenus satisfaisants. A y regarder de plus près, les experts du conseil font ressortir des signes de préoccupation, notamment en ce qui concerne le chômage des jeunes de moins de 25 ans qui dépasse les 30%, soit au-delà du double de la moyenne nationale. L'évolution de la structure démographique, le nouvel environnement socio-économique et le rendement du système éducatif caractérisé par une forte déperdition scolaire (plus de 500 000 par an) alimentant, ainsi, prématurément le marché du travail sont autant de facteurs qui contribuent au maintien d'un « fort taux » de chômage. Tout en soulignant les résultats « patents » de cette politique, le RNDH attire l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité d'une gestion moins centralisée des dispositifs, une amélioration des modes d'organisation adoptés, la création d'une intermédiation bancaire pour les dispositifs de création d'activités (Ansej, Angem et Cnac). Outre la mise en place d'un mécanisme externe de suivi et d'évaluation, le rapport du CNES insiste sur l'importance d'« une plus grande cohérence des dispositifs d'emploi dans les rémunérations servies et un rattrapage de perte de pouvoir d'achat ».