Une cellule de crise a été installée hier dans le cadre du dispositif Tel Bahr, suite à l'apparition de flaques d'hydrocarbures aux alentours des bouées de chargement en offshore situées à 3 km au large de la plage Ben M'hidi, à l'est de Skikda. Skikda. De notre bureau L'incident s'est produit dans la nuit de vendredi à samedi lors du chargement du navire iranien Abadeh, un tanker de 90 000 t qui était en amarrage depuis plus de dix heures. D'après plusieurs sources proches de la cellule de crise, la fuite a été remarquée à 2h 30 et l'ordre d'arrêter le chargement a été aussitôt donné. Hier, dès les premières heures de la journée, des pêcheurs n'avaient cessé d'attirer l'attention de la presse quant à la prolifération de nappes d'hydrocarbures. Certains affirmaient avoir relevé la présence de couches épaisses qui se dirigeaient vers les côtes est de la wilaya, comme Guerbès et le cap de Fer. « Nous avons remarqué l'existence de plusieurs couches de fuel qui flottaient et que le vent poussait vers l'Est », témoignent plusieurs marins-pêcheurs. Par contre aucun d'eux n'a signalé la présence de poissons morts. Des indiscrétions laissent comprendre que la quantité d'hydrocarbures, qui s'est déversée, a été officiellement estimée à 500 m3. D'autres sources minimisent par contre largement les chiffres. Le directeur de l'environnement de la wilaya de Skikda a jugé quant à lui que la situation « n'est pas aussi alarmante » et d'affirmer que le volume des quantités qui s'étaient échappées ne présenterait pas une grave menace écologique. « La cellule de crise vient juste (16 h -ndlr) de faire un briefing relatif à la gestion de la situation et a conclu que la situation a été maîtrisée. Néanmoins, le plan demeure actif et la Protection civile reste en alerte. » Au niveau de la Protection civile, on confirme que le dispositif d'alerte est toujours en vigueur afin de pallier à toute éventualité. « Des plongeurs ainsi que des équipes de dépollution terrestre sont mobilisés et prêts à intervenir en toute circonstance. » Selon, M. Lemrabet, PDG de l'Entreprise portuaire de Skikda, l'alerte donnée à temps a permis de circonscrire le sinistre. « Nous avons mis en place un dispositif de lutte dès les premières heures. Un barrage flottant, des remorqueurs ainsi que des canaux de poussée ont été mis à la disposition de la cellule de crise. D'ailleurs, à titre préventif, nous avons décidé de laisser le barrage flottant près des bouées de chargement bien que le dispositif d'alerte soit levé afin d'éviter toute autre surprise. » Au sujet des causes directes de la fuite, M. Mekdad, PDG de la Société de transport des hydrocarbures (STH), société domiciliée à Arzew et qui gère les terminaux pétroliers, a expliqué que « la fuite a été occasionnée sur le flexible qui relie la bouée au navire. Elle se situe au niveau de la génératrice latérale et aurait été occasionnée par d'éventuels frottements du flexible avec d'autres corps durs ». Hier vers 17 h, la cellule de crise estimait qu'il y a eu plus de peur que de mal en confirmant la maîtrise de la situation et d'écarter une éventuelle pollution. On apprendra tard dans la soirée, qu'une commission HSE de Sonatrach devrait se déplacer aujourd'hui à Skikda pour s'enquérir de la situation. Cet incident, aussi minime que le voudraient certains, ne devrait pas représenter un simple épisode du feuilleton des pollutions à Skikda. Il est venu à temps pour interpeller Sonatrach et ses décideurs quant à l'urgence et à la nécessité de penser dès à présent à doter la côte locale de moyens de lutte à la mesure du potentiel pollueur. Une fuite du flexible est certes maîtrisable, mais pourra-t-on maîtriser la fuite que provoquerait un tanker ? C'est en répondant à ces questions qu'on pourra adopter l'adage qui rappelle que parfois, à quelque chose malheur est bon.