Les avocats de la partie civile et ceux de la défense ont été surpris lorsqu'un avocat, qui se dit représentant le liquidateur de la BCIA, a présenté, hier après-midi, une demande pour se constituer partie civile. Il a évoqué un rapport d'expertise et a même donné quelques chiffres. L'assistance n'en revenait pas alors que les plaidoiries de la partie civile venaient juste d'être achevées. Les avocats se sont levés et tous ont exprimé leur protestation. Le juge a dû suspendre l'audience pour quelques minutes. Ceux qui ont pris la parole ont exprimé leur étonnement et le fait qu'ils n'ont jamais entendu parler de cette prétendue expertise. A la reprise, alors que le représentant du ministère public a demandé de différer son réquisitoire pour aujourd'hui, le juge a levé la séance avant terme mais a indiqué que cette demande allait être examinée. Un avocat qui s'est déjà constitué pour un accusé en fuite et qui veut maintenant se constituer partie civile ! », s'étonne Mokrane Aït Larbi, avocat de la défense, en déplorant le fait que la cour ait accepté de tenir compte de sa demande même si la réponse n'est pas encore donnée. Pour lui, c'est la BCIA qui veut indirectement se constituer partie civile et c'est aberrant. Il approuvera, en outre, une réflexion selon laquelle la BCIA est liquidée, ce qui rend la demande encore plus incompréhensible. « Pas d'intérêt, pas d'action », estime de son côté Me Benblel, avocat de la partie civile, pour qui la loi est claire et qu'il faut justifier d'un préjudice (en rapport avec les faits évoqués ici) pour se constituer partie civile. « Je suis en fin de carrière et je n'ai jamais vu une telle demande dans un procès », estime Me Brahimi, avocat de la défense, qui ajoute que « si la cour accepte cette demande, ce sera un précédent » car, pour lui, au-delà des articles de loi proprement dits, il y a la philosophie du droit. Il fera remarquer aussi que cette même manœuvre est tentée pour le cas de l'affaire Khalifa.