Les avocats de l'ex-milliardaire ont réclamé un délai supplémentaire pour la finalisation des expertises portant sur l'évaluation du climat politique et la situation des droits de l'Homme en Algérie. Six mois se sont écoulés depuis le début de l'examen en mars dernier, par la justice britannique de la demande d'extradition de Abdelmoumène Khelifa vers l'Algérie. L'affaire que Timothy Workman, président du tribunal de Westminster à Londres, avait qualifiée d'emblée de “compliquée” est encore loin de connaître son épilogue. Une nouvelle audition était programmée hier dans la matinée en présence des avocats des deux parties et du prévenu. Au cours de cette audience, très courte, le juge Workman a interpellé les représentants de M. Khelifa, sur les délais de livraison des rapports d'expertise qu'ils se sont engagés à réaliser en juin dernier. Les audits portant sur l'évaluation du climat politique et la situation des droits de l'Homme en Algérie ont été confiés à quatre experts, parmi eux, deux académiciens britanniques, les docteurs Roberts et Joffe et un avocat algérien dont la défense refuse de dévoiler l'identité pour des raisons de sécurité, dit-elle. Les rapports ont pour objectif de dissuader le tribunal de renvoyer Khelifa dans son pays en raison de l'absence de garanties en matière d'équité dans le déroulement d'un nouveau procès, puis à lui prouver que l'affaire a des ramifications politiques et qu'en définitive, l'ancien golden boy est un lampiste. Le juge avait octroyé un délai de trois mois aux avocats de la défense pour mettre à sa disposition le contenu des expertises. Or, à ce jour, aucune d'elle n'est finalisée. Si MM. Roberts et Joffe ont besoin d'une rallonge ne dépassant pas un mois, une grande incertitude entoure la réception du rapport de l'avocat algérien. S'exprimant devant le tribunal, une collaboratrice de Anna Rothwell, l'avocate de Khelifa, a évoqué les grandes difficultés auxquelles l'expert algérien est confronté. Allant loin, elle considère que la confection d'un tel rapport n'est pas sans risque sur la vie de son auteur. “Au cours des deux derniers mois, la situation s'est nettement détériorée en Algérie. Durant le mois en Algérie, il y a eu plus de 80 morts lors d'attentats”, a-t-elle tenté d'argumenter. Se montrant patient, le juge a prolongé l'attente d'un délai supplémentaire d'un mois. Le premier octobre, une énième audience est prévue, durant laquelle toutes les expertises devront être présentées au tribunal. Une autre séance sera organisée le 28 du même mois. D'ici là, Khelifa est maintenu en détention. Depuis le début des auditions, toutes les demandes de liberté provisoire le concernant et introduites par sa défense ont été rejetées. Son incarcération remonte au printemps 2006, suite à l'exécution d'un mandat d'arrêt délivré à son encontre par un tribunal français. En août 2007, un juge britannique avait donné son accord pour son transfert en Hexagone, dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire portant sur la faillite frauduleuse des filiales de son groupe, domiciliées sur le territoire français. Deux mois plus tard, la justice algérienne avait introduit sa propre demande d'extradition auprès des autorités britanniques. En mai dernier, le juge Workman avalisait la requête dans sa forme. Depuis la bataille qui oppose les avocats de la défense et de la partie civile, porte surtout sur la vraisemblance des charges qui pèsent sur l'ex-homme d'affaires. Anna Rothwell et son collègue Ben Branden n'ont pas cessé de remettre en cause le contenu des pièces à conviction, dont le rapport de M. Badsi, liquidateur de El Khalifa Bank. Par ailleurs, ils ont évoqué devant le tribunal de prétendues complicités et de la grande indulgence dont Khelifa a bénéficié au niveau des structures de l'Etat, dans la gestion de ses affaires et la fructification de sa fortune. S. L.-K.