Située en retrait de la RN 3, menant vers la ville d'El Khroub, la cité de Boumerzoug est l'exemple parfait du site qui a été longtemps marginalisé depuis sa création au début des années 1980. Entourée sur les trois quarts de son périmètre par l'oued Boumerzoug, d'où elle tire son nom, la cité a souvent fait les frais des crues parfois menaçantes et furieuses, durant les fortes saisons de pluie. La panique de la population des quatre immeubles situés à quelques encablures du cimetière a atteint son comble durant les années 2004 et 2005, au point où les riverains ont vraiment craint pour leur vie. Certains ont même décidé de déménager. Il a fallu plusieurs appels de « détresse » pour que les services concernés daignent vraiment agir en mettant en place, l'année écoulée, un mur en gabion pour bloquer les eaux de l'oued, car la menace a atteint les fondations mêmes des bâtiments. Une solution qui ne résoudra le problème que pour une certaine durée, car les immeubles, construits à proximité de l'oued, reposent sur un remblai pas assez solide pour résister aux mouvements du sol. Pour preuve, les habitants parlent déjà de l'expérience vécue par les riverains des premiers immeubles construits sur la partie inférieure, lesquels ont révélé quelques années plus tard leurs défauts. De fait, plusieurs fissures colmatées dans la précipitation, témoignent encore de la fragilité du site. Aux alentours, le cadre de vie n'a pas connu une réelle amélioration depuis une vingtaine d'années et il faut dire que c'est grâce à la volonté des habitants que des parterres de verdure ont pris naissance, car la cité manque jusqu'à ce jour d'un aménagement digne, malgré une extension marquée surtout par ces multiples constructions en briques, non finies, et qui sont venues peupler l'espace urbain. Du côté surplombant l'oued en face du CW 175 menant vers la commune d'El Khroub, le décor des décharges qui s'accumulent sur les berges du Boumerzoug n'est pas beau à voir. Le lieu est choisi pour le dépôt de tous genres de déblais. Au cœur de la cité, les îlots séparés par des routes en mauvais état n'ont pas connu le même sort. Frappé par ce décor déparant le cadre de vie, le visiteur remarque qu'une partie des immeubles a été entretenue il y a deux ans, juste le temps d'une courte visite présidentielle, alors qu'en face, d'autres bâtiments sont complètement délaissés. A la cité Boumerzoug, la population vit le calvaire des mauvaises odeurs dégagées par les montagnes de déchets brûlés chaque jour. Il n'y a ni dévidoirs, ni bacs de collecte des ordures dans une cité où l'hygiène est le dernier des soucis. Côté santé, les habitants de Boumerzoug attendent toujours la réalisation du fameux centre de soins, dont les travaux traînent toujours. Notons que l'ancien centre a été transformé en commissariat durant la décennie noire, ce qui fait que les citoyens se soignent encore dans des baraquements d'une époque révolue, en attendant, bien sûr, des jours meilleurs.