La sociologue Nasser Djabi a présenté, mercredi dernier, à la librairie Chihab Internationale à Alger, son ouvrage Citoyenneté conquise (éditions Chihab 2006). Il s'agit d'articles publiés par l'auteur dans la presse nationale, notamment à l'hebdomadaire en langue arabe El Khabar El Ousboui. A travers ces articles, le sociologue en question a abordé des sujets d'actualité en Algérie. Entre autres, les mouvements sociaux, le terrorisme, la classe moyenne et l'élite. Dans son intervention, Nasser Djabi constate qu'en Algérie, il y a beaucoup d'espaces où les Algériens pourraient s'exprimer et lutter pour consacrer leur citoyenneté. Exemple : les institutions, les syndicats et les associations. Cependant, le « statut de citoyenneté est loin d'être acquis ». Ainsi, il n'y a pas de citoyens mais des sujets. Comme le système algérien a dépensé d'énormes budgets dans le domaine de l'éducation pour former des cadres et des chercheurs. Une fois les études terminées, ce même système « opprime » ces derniers et leur « interdit » de s'exprimer. Ainsi, sont-ils réduits au silence ou à l'exil. « On n'a pas formé des citoyens. Des citoyens qui prennent des initiatives. Comme « ceux nombreux qui ont créé des associations ont fini par quitter l'Algérie. On se demande alors s'ils n'ont pas utilisé ces associations pour faciliter leur départ à l'étranger. » Aujourd'hui, poursuit le même intervenant, des « familles investissent dans l'éducation de leurs enfants pour les préparer à vivre à l'étranger ». Quant à « l'élite algérienne, elle est prisonnière de la rente. La corruption est sans limite et constitue un moyen pour cette élite, à l'effet de changer de statut social. Les personnes impliquées dans l'affaire Khalifa ne sont pas pauvres ». La classe moyenne, qui constitue la colonne vertébrale de toute société et qui garantit son équilibre et sa « sécurité », voit son niveau de vie et son pouvoir d'achat se « dégrader » en Algérie. Aujourd'hui, elle « s'effrite ». Le pouvoir de l'argent prend de l'ampleur aux dépens des « compétences intellectuelles ». Cette situation a été mise en lumière « lors des récentes élections sénatoriales qui se sont déroulées dans notre pays ». Elections marquées par « l'achat des voix » pour gagner des sièges au Conseil de la nation. « Nous prévoyons une influence plus importante du pouvoir de l'argent sur les résultats des prochaines législatives », indique le même intervenant. A ses dires, est-il permis de déduire que les chances d'ascension sociale par l'école se réduisent de plus en plus en Algérie. Au demeurant, on se demande alors comment une telle ploutocratie s'est constituée, si ce n'est par des procédés illicites et malveillants.