L'Alliance présidentielle, ce n'est pas une entreprise fusionnelle entre des partis de divers horizons politiques, c'est un regroupement de formations politiques autour de la défense et de la concrétisation du programme présidentiel. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a jugé nécessaire de rappeler ce principe fondateur de l'Alliance présidentielle à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de la création du RND et à quelques encablures de la tenue le 17 mai prochain des élections législatives. Le même discours est répercuté par les autres partis de l'Alliance, le FLN et le MSP qui ne manquent pas de rappeler eux aussi que ce qui rassemble les trois partis de l'Alliance c'est leur engagement solidaire autour de la mise en œuvre et de la réussite du programme présidentiel. Rien de plus, rien de moins. A l'épreuve du terrain force est de constater pourtant que cette mission que se sont assignés les trois partis est loin d'être remplie. Le premier à s'en plaindre, c'est le président Bouteflika, lui-même, qui avait déploré, plus d'une fois, le manque d'engagement des partis de l'Alliance dans l'accompagnement du programme présidentiel. Cette expérience de partis aux contenus programmatiques et idéologiques différents pour ne pas dire rivaux a montré toutes ses limites et son incongruité. Certains d'entre eux, non seulement ne se vouent en privé aucune sympathie particulière, mais bien plus, ne se privent pas publiquement de se tirer dans les pattes et de prendre des positions diamétralement opposées face à des dossiers stratégiques qui devraient inspirer logiquement à ces trois partenaires des démarches communes et consensuelles. L'Alliance a existé et fonctionné jusqu'ici avec un double discours et ceci est valable pour tous les partis qui la composent. Le premier est un discours de chargés de mission au service du programme présidentiel ou pour dire juste du président Bouteflika, car sur le terrain, le soutien à l'action du programme présidentiel ne s'est pas manifesté de manière active et avec force conviction. Le second discours est à usage interne. Il est destiné aux militants de base de ces partis qui n'ont été consultés ni dans l'engagement de leurs partis respectifs dans cette alliance ni dans les positions que celle-ci a eu à prendre et où il fallait à chaque fois trouver des compromis et user de subtilités sémantiques pour permettre à chaque formation de ne pas perdre la face vis-à-vis de ses militants. L'obstination de chacune des formations de l'Alliance à rappeler en toutes circonstances que l'Alliance présidentielle ne signifie pas la perte de leur souveraineté et de leur autonomie en tant que partis montre les limites structurelles d'une telle entreprise qui ne repose pas sur un fondement programmatique commun qui transcende les intérêts égoïstes de chaque parti. Parce qu'elle est traversée par des courants qui ne partagent rien en commun sinon le désir de se mettre sous l'aile protectrice du président de la République et de goûter aux délices du pouvoir, l'expérience de l'Alliance présidentielle ne pouvait qu'être vouée à l'échec. Alors que sous d'autres cieux, les alliances se nouent et se dénouent sur la base de programmes de gouvernement, résultat d'âpres négociations qui débouchent sur un programme commun et des ambitions électorales partagées — la présentation de listes communes aux élections — l'Alliance présidentielle telle qu'elle s'est déclinée pèche par absence d'unité de pensée et d'action qui fait la force de tout regroupement politique, de toute union partisane. C'est ce qui explique le ronronnement de l'Alliance qui ne parvient pas à s'affirmer sur la scène nationale en tant que force politique majoritaire qui devrait marquer de son empreinte la vie institutionnelle et influer sur les choix stratégiques du pays.