Le ministre de l'Education était hier en visite à Aïn Témouchent, une wilaya où il n'a pas mis les pieds depuis six années. Les moments forts ont été ceux durant lesquels les élèves sont sortis pour l'accueillir, particulièrement au niveau du chef-lieu de wilaya, le lycée Maliha Hamidou et une école primaire. Au lycée, il tancera le proviseur sur les résultats du baccalauréat : « En somme, on a tout sauf les résultats. » Le chef d'établissement s'est fait prendre en reconnaissant disposer de tous les moyens. A l'école, il a assisté au rituel baissé des couleurs en fin de matinée, les élèves étant libres le lundi après-midi. Cette halte comme quelques autres étaient visiblement inscrites pour des raisons médiatiques, ce qui nous a amenés à solliciter le ministre à propos des critiques de nombreux de pédagogues opposés à sa façon de prétendre inculquer le sentiment patriotique par le recours à fortes doses à un exercice martial relevant plutôt du dressage que de l'éducation, étant entendu que cette dernière use d'autres ressorts que la contrainte. Dans la réponse de Benbouzid, l'argument massue a été de dire que d'autres pays usaient du procédé. Lorsqu'on lui a signalé que les pays qui le font ne sont pas des exemples de démocratie, il réplique en citant le cas des USA. Dans l'entourage, quelqu'un fait remarquer que le ministre oublie que dans ce pays, la question se pose différemment, les USA sont une terre d'immigration où l'on afflue de partout, races, religions et continents aux antipodes, et où il est vital d'assurer la cohésion nationale à travers une intégration au forceps des nouveaux immigrants. Cependant, il reste que M. Benbouzid n'a pas tenu que des propos contestables. En effet, à son arrivée à la daïra de Aïn El Arba, il s'est élevé contre le fait que le taux de scolarisation n'atteint que 94,6% alors que le taux d'occupation des classes est de 22 élèves par classe à travers la wilaya. A Chentouf, il a annoncé la décision d'adresser une circulaire aux walis pour installer des radiateurs en fonte pour le chauffage central plutôt qu'en fer, ces derniers étant peu économiques et de piètres diffuseurs de chaleur. « Nous voulons de la qualité pour une école de qualité », a-t-il clamé. Il a également décidé que l'opération de remplacement du tableau noir et de la craie par des marqueurs et des tableaux modernes soit généralisée à tous les établissements. « On va encore dire que Benbouzid a ruiné les producteurs de craie », a-t-il plaisanté. A chaque étape, il a interpellé ses hôtes à propos de l'absence d'arbres dans les cours, du manque d'agréments et d'un déficit en matière d'entretien des établissements. Il ne manqua pas également de faire entendre autour de lui sa désapprobation en voyant à son accueil un enfant habillé en oriental plutôt qu'en algérien.