Le chemin de wilaya n°133, reliant Constantine à la commune de Ben Badis, connaît des travaux d'élargissement en vue d'en faire une bretelle de contournement pour le tronçon de l'autoroute Est-Ouest, passant par la région d'El Meridj, des travaux qui semblent épargner une route toujours en mauvais état sur plusieurs dizaines de kilomètres, et laquelle devient en plus trop exiguë sur les collines. Le sentiment d'isolement est le premier évoqué par les habitants de la cité des Frères Brahmia. Un lieu qui concentre à lui seul le plus important regroupement de populations à El Meridj, et qui avoisine un millier d'habitants. Le manque des moyens de transport est le premier fait constaté, deux bus seulement assurent la liaison vers le 4e km à Constantine, le matin et en fin d'après-midi. « Les déplacements aussi bien vers Constantine que vers El Khroub, dont nous dépendons administrativement, sont de longs calvaires pour la population », nous expliquera un enseignant. Les 250 élèves d'El Meridj, inscrits dans les CEM de la cité Erriad à Constantine, ratent souvent leurs cours faute de places dans le seul bus affrété pour le transport scolaire. Les malchanceux se rabattent sur les fraudeurs qui en profitent pour imposer leur loi. A la cité des Frères Brahmia, qui a connu une importante extension depuis trois ans, le bitume se limite à deux artères principales. Les autres rues séparant les habitations ne sont que des bourbiers impraticables. « Il faut venir durant la saison des pluies pour voir dans quelles conditions nous vivons, et quand il neige, nous sommes complètement isolés, oubliés », lance un habitant qui fait partie des nombreux citoyens ayant opté pour l'autoconstruction. En fait, la cité a connu un important mouvement d'urbanisation au début des années 1980, à une époque où des gens sont venus de toutes parts, et même de Constantine pour y habiter, en raison des prix raisonnables du foncier proposés par l'Etat. « Après plus de deux décennies, la plupart des résidents ont définitivement perdu espoir face aux dures réalités quotidiennes. Certains ont même décidé de vendre leurs propriétés et de déménager vers d'autres lieux », nous dira-t-on. Les raisons demeurent liées au cadre de vie, qui n'a guère évolué depuis plus de vingt ans, et qui fait d'El Meridj une localité complètement hors champ. Les habitants déplorent jusqu'à ce jour l'absence de l'eau qu'ils payent à des prix exorbitants aux propriétaires des citernes. L'agglomération n'a pas de ressources hydriques, et le seul château d'eau situé dans la forêt dite d'El Meridj ne suffit plus à alimenter toute la région. Il faudra attendre encore pour voir la réalisation d'une conduite alimentée à partir des réservoirs d'El Guemmas, prévue dans le programme sectoriel de 2007, mais qui dépendra elle-même du raccordement de Constantine au barrage de Beni Haroun. A El Meridj, les habitants se chauffent encore au bois, comme au bon vieux temps. Du bois ramené clandestinement des forêts environnantes et payé chèrement. « Une remorque qui coûte près de 4000 dinars ne suffira que pour un mois. Il faut débourser encore plus pour le gaz butane durant les rudes mois de l'hiver », nous disent des citoyens, qui attendent toujours le fameux projet d'alimentation en gaz de ville, qui tarde encore, malgré le fait que le petit village des Frères Brahmia n'est qu'à moins de dix kilomètres de la conduite passant à proximité de Djamaâ Ettarcha pour alimenter la banlieue Est de la ville de Constantine.