Le gouvernement a décidé de mettre de l'ordre dans le marché des fruits et légumes, en désorganisation indescriptible qui perdure depuis de longues années. Des mesures ont été ainsi prises lors d'un conseil interministériel, présidé hier par le chef de l'Exécutif, Abdelaziz Belkhadem. Parmi les actions prévues, la réalisation de nouvelles infrastructures de distribution des fruits et légumes, la rénovation des entités existantes et la refonte du dispositif réglementaire en vigueur. Cela s'inscrit, comme il est noté dans le communiqué sanctionnant le conseil et répercuté par l'APS, « dans le souci d'un meilleur contrôle des pratiques commerciales au niveau de cette filière d'activités ». Concrètement, le gouvernement ambitionne de construire, sur une période de 5 ans, « 50 marchés de gros, dont 4 d'intérêt national, 25 d'intérêt régional et 21 à vocation locale ». S'y ajoute la réalisation, durant la même période, de 838 marchés de détail. Ces derniers sont destinés aux communes dépourvues, est-il précisé dans le même communiqué. Afin que cela soit concrétisé, l'Exécutif opte pour l'installation d'un comité interministériel dont la mission est de suivre l'exécution de ce programme d'actions. Les objectifs recherchés par ces mesures sont, entre autres, est-il encore indiqué, « la préservation du pouvoir d'achat des citoyens et la prise en charge des préoccupations de l'ensemble des opérateurs du secteur de la distribution des fruits et légumes ». Ces mesures se veulent une thérapie à un mal profond qui ronge notre économie depuis plus de 15 ans, à savoir le marché informel. Un tel phénomène qui est devenu, au fil des années, incontrôlable du point de vue de son importance. C'est ainsi que le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a reconnu en septembre 2006 que « 60% de la production agricole (fruits et légumes) sont commercialisés par le réseau informel ». Le manque de marchés de gros et leur mauvaise conception ont fait aggraver cette situation, qui a participé notamment à défigurer le tissu urbanistique des villes. L'Union générale des commerçants et des artisans d'Alger (UGCAA) a dénoncé à maintes reprises cet état de fait, demandant par là même au gouvernement d'encourager la création de nouveaux marchés de gros répondant, au plan à la fois quantitatif et qualitatif, aux besoins des citoyens. Les marchés de gros existants sombrent dans l'anarchie la plus totale. C'est le cas du marché de Bougara à Blida d'où s'approvisionne une grande partie des détaillants de la capitale. L'anarchie ambiante et les débordements que connaissent ces entités commerciales font que la mercuriale s'inscrit souvent dans une tendance plutôt haussière. Cela non pas parce qu'il y a manque de production, mais parce que les marchés de gros se trouvent dans l'incapacité d'accueillir des quantités suffisantes de toutes les productions. S'ajoute à cela l'existence de circuits informels de distribution qui échappent à tout contrôle. Que le gouvernement mette le holà au marché informel est une bonne chose, il reste à savoir si cette batterie d'actions est suffisante pour juguler ce phénomène.