Le Syndicat national de l'Inspection générale des finances (IGF), affilié à l'UGTA, vient de soumettre au chef de l'IGF son propre projet de statut spécifique de la profession, a annoncé son SG, Ali Djaâfar Tewfik, dans un communiqué remis à notre rédaction. « Ledit document, qui entre dans le cadre de la contribution du partenaire social à la réforme des instruments de contrôle des deniers publics, axe ses propositions sur quatre points essentiels », note le communiqué. Celui-ci résume les exigences de cette structure relevant du ministère des Finances, en « l'érection de la fonction d'inspecteur des finances de l'IGF en fonction supérieure de l'Etat, l'élévation du niveau de qualification lors du recrutement, l'instauration d'un régime de rémunération attractif ainsi que la création d'un conseil des inspecteurs ». Dans l'exposé des motifs de ces propositions, le Syndicat national de l'IGF soutient que « faute de statut adéquat, l'IGF connaît non seulement des difficultés pour développer des méthodes d'un contrôle efficace et pertinent (…) mais, également, peine à conserver ses capacités d'expertise ainsi que les compétences les mieux rompues aux techniques d'audit et d'évaluation ». Plus explicite, Ali Djaâfar Tewfik, signataire de ce même communiqué, motive la demande de reconnaissance du caractère de fonction supérieure de l'Etat à l'inspecteur des finances de l'IGF par le souci de garantir son « autonomie ». La nomination par décret présidentiel de ce corps d'inspecteurs, peut-on lire dans l'exposé des motifs, est « indispensable » pour « garantir l'indépendance de l'inspecteur des finances de l'IGF ». Le document du syndicat de l'IGF relève, au passage, un paradoxe dans les modes de nomination des inspecteurs de l'IGF et de ceux relevant des autres inspections des administrations centrales lesquels sont nommés par décret. « Les missions de ces derniers, écrivent les syndicalistes de l'IGF, se limitent au simple contrôle du département ministériel dont ils relèvent, alors que celles de l'IGF ont une compétence sur toutes les administrations publiques (vocation interministérielle), y compris le contrôle des inspections ministérielles précitées. » Outre le rehaussement du niveau de qualification pour le recrutement des futurs inspecteurs des finances de l'IGF, le syndicat national se bat pour une nouvelle grille salariale à même de prémunir les agents de l'IGF des tentations mais, également, de mettre un terme à la fuite des compétences que subit cette institution. En effet, des statistiques alarmantes nous ont été communiquées par ce représentant syndical. « Durant les cinq dernières années, l'IGF a perdu 30% de son effectif », révèle Ali Djaâfar Tewfik, qui fait observer l'indécence de la rémunération actuelle. A titre illustratif, cite-t-il, un inspecteur des finances de l'IGF qui cumule 18 ans de service perçoit à peine 26 000 DA. C'est inadéquat avec la capitalisation d'une aussi importante expérience en matière d'audit. Actuellement, quelque 165 inspecteurs des finances de l'IGF se répartissent les missions de contrôle sur l'ensemble du territoire national. Insuffisant, considère le SG du syndicat, qui appréhende l'ampleur de la charge avec l'extension du champ d'intervention aux entreprises publiques économiques (EPE). Continuer avec ce système est synonyme d'aggravation de l'hémorragie, considère le Syndicat national de l'IGF, d'autant plus que de récentes mesures prises en conseil interministériel (CIM) exigent des EPE de se doter elles-mêmes de la fonction d'audit. Pour rappel, lors d'un CIM tenu en février dernier, il a été décidé « la mise en place rapide et effective des cellules d'audit interne au niveau de toutes les SGP et les EPE ». Ce que redoute le Syndicat national de l'IGF est l'accélération du mouvement des départs des meilleurs auditeurs vers ces institutions qui offrent des conditions nettement plus avantageuses. Pour y remédier, les syndicalistes demandent en urgence « un alignement de leurs salaires sur ceux servis aux cadres supérieurs de l'Etat et des entreprises économiques stratégiques ». Quant au conseil des inspecteurs, celui-ci « veillera à la préservation des droits fondamentaux de l'inspecteur dans l'avancement et la promotion et aussi au respect rigoureux des principes et règles de l'éthique professionnelle ». Par ailleurs, faut-il l'éclaircir, les compétences de l'IGF se limitent à la remise des rapports sur les différentes opérations de contrôle menées. Cette institution, qui n'est pas apte à sanctionner, ne peut s'autosaisir une mission de vérification des comptes d'une institution. Son mode de fonctionnement fait de la saisine l'unique outil pour enclencher un audit. Les saisines sont de la prérogative du ministère des Finances, du chef du gouvernement et de la présidence de la République.