Sans exagération, Tizi Ouzou est la ville la plus sale du pays. Décharges publiques improvisées, égouts éventrés, oueds et cours d'eau pollués, celle qui portait pompeusement, il y a quelques années, le sobriquet de « Petite Suisse » n'est aujourd'hui que malpropreté et désolation. Un vaste dépotoir à ciel ouvert. La commune génère quelque 90 tonnes de déchets ménagers par jour. En été, la « production » atteint facilement 120 tonnes en raison notamment des fêtes où les déchets évoluent proportionnellement à la consommation. Le wali a promis, au lendemain de sa désignation par le chef de l'Etat, de sévir pour redonner à la capitale du Djurdjura son visage d'antan. Rien n'a changé depuis. Absorbés par l'activisme purement partisan et l'affairisme personnel, les élus font semblant de travailler quand ils ne se font pas la guerre entre eux. Et la cité pourrit chaque jour un peu plus. Dangereusement. Dans l'indifférence. « On manque d'argent et de moyens ». L'excuse revient telle une litanie dans leur discussion. L'argument ne tient pas la route. Des moyens de nettoyage privés ont été bel et bien « affrétés » par la wilaya. Les éboueurs s'en lavent les mains et plaident non coupables. Malgré l'inconsistance de la logistique mise à leur disposition et la dégradation de leurs conditions de travail, ils disent avoir fait de leur mieux. L'effort des vaillants nettoyeurs de la ville appelés maladroitement « ezzabala » en dépit des risques encourus (agressions, vol d'engins, insultes ...) s'apparente à un coup d'épée dans un roc à cause de l'incivisme du citoyen. Il faut avouer que rares sont les habitants et les grands pollueurs à l'image des commerçants qui respectent le « timing » de passage des camions collecteurs. Résultat : les poubelles « fleurissent ». La ville des Genêts pue la pestilence. Par endroits, il faut toute une acrobatie pour enjamber les montagnes de détritus qui débordent souvent sur la chaussée. Les niches à ordures sont saturées de toutes sortes de pitances à la grande joie des rats, des chats, des chiens et des moustiques. De véritables vecteurs de maladies mortelles pour les humains.