A Tizi ouzou, c'est la cote d'alerte. La capitale du Djurdjura est en passe de devenir la ville la plus sale du pays. Un triste record en la matière. Décharges publiques improvisées, égouts éventrés, oueds et cours d'eau pollués, celle qui portait pompeusement dans un passé récent le sobriquet de « petite suisse » n'est aujourd'hui que saleté et désolation. Un vaste dépotoir à ciel ouvert. Le wali a promis, au lendemain de sa désignation par le chef de l'Etat, de sévir pour mettre un terme à ce « charivari » écologique. Qu'en est-il aujourd'hui ? Pas de quoi jubiler. Pourtant, des moyens de nettoyage privés ont été « affrétés » par la wilaya mais sans résultat palpable sur le terrain. Les responsables de la direction des réseaux divers et voirie (DRDV) s'en lavent les mains et plaident non coupables. Les travailleurs estiment modestement avoir accompli leur tâche. Ils font de leur mieux. Le service nettoiement tourne H24 : plus de 120 éboueurs, une quarantaine de balayeurs et autant de chauffeurs sont mobilisés quotidiennement. En termes de moyens logistiques, l'APC compte 11 bennes tasseuses et 6 tracteurs qui sillonnent de nuit les six secteurs de la commune. L'effort des vaillants nettoyeurs de la ville, en dépit des risques encourus (agressions, braquages suivis de vol d'engins), s'apparente parfois à un coup d'épée dans l'eau. Rares sont les habitants et les pollueurs à l'image des commerçants et des restaurateurs qui respectent le « timing » de passage des camions collecteurs. Autrement formulé, tout un chacun doit faire un effort pour déposer ses ordures avant 21 h. « L'environnement c'est la santé, la santé c'est l'avenir », « Pour prévenir, faites un geste simple », « Mobilisons-nous contre la pollution de notre ville ». Accrochées à l'entrée du théâtre régional Kateb Yacine, les banderoles invitent au civisme et au respect des dons naturels de dame Nature. Peu de monde marque un arrêt. Les slogans gribouillés par des volontaires sur un modeste tissu passent presque inaperçus. L'occasion : quatre journées de sensibilisation sur l'environnement. L'initiateur : l'association de la protection de l'environnement de la wilaya de Tizi Ouzou-Ma ville, Mon quartier. Dans le vaste hall de la salle, des forestiers, des pépiniéristes, des artisans et de jeunes écologistes exposent et « explosent » leur rage pour dire non au massacre de la planète. « Notre objectif est de préserver le cadre de vie du citoyen et de le faire sortir de la léthargie et de la situation chaotique dans laquelle est plongée la ville de Tizi Ouzou », explique Mme Daroui, la présidente de l'association. « Nous lançons un appel pressant pour une mobilisation globale, chacun dans son domaine de prédilection : société, entreprise, comité…, de soutenir, de contribuer et d'apporter toute l'aide nécessaire en vue d'une réelle prise de conscience et l'amélioration des conditions de vie dans notre ville. Notre devoir est d'inciter la société civile au rejet du mal-vivre et du repli sur soi. Il s'agit également de permettre et d'assumer une opportunité de participation active et continuelle de préservation de notre environnement. Pour le citoyen, c'est devenu normal d'enjamber des tas d'ordures ménagères en sortant le matin. C'est l'amère réalité ». Créée en 2005, l'association de la protection de l'environnement de la wilaya de Tizi Ouzou ne compte pas baisser les bras en dépit des difficultés rencontrées. Elle active dans un petit local cédé par un généreux privé. Sans bureau adéquat ni subvention, l'Apewto n'a que le bénévolat de ses adhérents pour « résister » dans une wilaya « allergique » à l'environnement et à tout ce qui est beau. Mme Daroui ne désespère pas pour autant. Optimiste jusqu'aux bouts des ongles, elle prédit des lendemains meilleurs. « Nous comptons travailler avec les enfants dans les écoles. Ils sont plus faciles à gérer que les adultes. Nous devons leur faire prendre conscience de l'environnement très tôt », dit-elle.