L'alliance avec la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, pourrait constituer l'option de choix à l'Etat français pour mettre fin au long suspense qui entoure le sort de la fusion de Gaz de France (GDF) et Suez lancée en février 2006. C'est du moins ce qu'a laissé entendre le candidat à l'élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy, jeudi dernier sur France 2 et rapporté par le quotidien Le Monde dans son édition d'hier. Pour sauver GDF, Sarkozy privilégie un accord avec un pays producteur, l'Algérie en l'occurrence, pour renforcer la sécurité d'approvisionnement de la France en gaz. « GDF est une entreprise qui achète du gaz mais qui n'en produit pas. Est-ce qu'il faut adosser cette entreprise qui achète sur un autre acheteur (comme Suez) ou est-ce qu'il faut réfléchir à un producteur ? », se demande l'actuel ministre de l'Intérieur en ajoutant : « Si j'étais président de la République, je pourrais aussi réfléchir si Gaz de France-Suez ou Gaz de France seul n'aurait pas intérêt à se tourner du côté des producteurs pour faire une grande entreprise qui produirait du gaz et le commercialiserait. » L'alliance avec Sonatrach, souligne Patrick Devedjian, ex-ministre de l'Industrie cité par Le Monde, s'inscrit dans une stratégie à plusieurs objectifs : renforcer les liens entre Paris et Alger ; soutenir davantage le développement de ce pays et du Maghreb pour « stabiliser l'immigration » ; « mettre le gaz algérien en concurrence avec le gaz russe », qui représente aujourd'hui près du quart de l'approvisionnement français (et bien davantage demain). « Nous pourrions passer un accord de coopération dans le nucléaire civil », explique M. Devedjian. L'Algérie compte en effet construire des centrales pour le dessalement de l'eau de mer et la production d'électricité. EDF et Areva fourniraient leur savoir-faire. « En contrepartie, explique-t-il, nous pourrions avoir une relation privilégiée dans la fourniture de gaz pour sécuriser l'approvisionnement de la France et des pays européens. » Sonatrach fournit déjà à la France 18% de son gaz, ce qui fait de l'Algérie son troisième fournisseur derrière la Norvège (30%) et la Russie (23%). Or celle-ci va ouvrir prochainement en France une filiale de distribution de gaz, comme l'a fait le géant russe Gazprom en novembre 2006. Sonatrach entend aussi « participer aux travaux d'infrastructures » en Europe (stockage, gazoducs, terminaux méthaniers), a récemment expliqué le gouvernement algérien. Un groupe né de la fusion Suez-GDF pourrait tout aussi bien nouer des alliances avec l'entreprise algérienne, nuance l'ancien ministre de l'Industrie. C'est ce qu'expliquait aussi Thierry Breton, hier dans Les Echos. Le ministre de l'Economie et des Finances souligne que la fusion faite, « rien n'empêche ensuite de l'élargir encore, par exemple à un fournisseur de gaz ».