Il y aurait de l'eau dans le gaz entre le gouvernement et les dirigeants de Suez et Gaz de France au sujet du projet de fusion. Selon la presse britannique, le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, aurait lancé un ultimatum à Nicolas Sarkozy. Selon le quotidien Financial Times, qui ne cite pas de sources, M. Mestrallet a envoyé, lundi, une lettre au président français pour lui proposer de "transférer les actions possédées par l'Etat dans Suez à GDF, pour permettre de résoudre la différence de valorisation boursière qui bloque la fusion". Le quotidien économique ajoute que M. Mestrallet indique dans son courrier que si aucune solution n'était trouvée "d'ici la fin de la semaine", son groupe pourrait "envisager d'autres options". L'approbation par la Commission européenne au projet de fusion GDF-Suez expire vendredi. Selon le Financial Times, cette lettre a été approuvée ce week-end par le conseil d'administration de Suez, qui doit se réunir aujourd'hui (mercredi) pour examiner l'avancée du projet. "Les décisions (sur le projet de fusion, ndlr) sont prises par le chef de l'Etat, c'est pourquoi nous lui avons écrit. Il faut maintenant que nous ayons des réponses", a indiqué un responsable de Suez, cité par le quotidien. Le projet initial de fusion entre les deux groupes prévoit l'échange d'une action Suez contre une action GDF, plus le versement d'un dividende exceptionnel d'un euro par titre aux actionnaires de Suez. Mais le titre Suez vaut actuellement plus cher que celui de GDF, cela risque de dissuader les actionnaires de Suez de soutenir l'opération. L'information a, toutefois, été démentie par l'Elysée. Ce courrier du premier responsable de Suez survient alors que le gouvernement ne s'est toujours pas décidé sur l'avenir de la fusion entre GDF et Suez. Alors que le 1er juillet, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, avait indiqué que la décision du gouvernement serait prise "dans les 15 jours", le Premier ministre, François Fillon, avait souligné, deux semaines plus tard, qu'il n'y avait "pas d'urgence à décider". Rappelons que Nicolas Sarkozy s'est rallié tardivement à la fusion, promue par Dominique de Villepin pour empêcher une éventuelle OPA de l'Italien Enel sur Suez, parce qu'elle implique de privatiser GDF et donc de revenir sur une promesse qu'il avait faite en 2004 quand il était ministre de l'Economie. Pour rappel, le président français, voulant adosser GDF à un producteur, avait souhaité voir un rapprochement entre GDF et la compagnie nationale Sonatrach, mais faute de propositions concrètes du côté français, Sonatrach a préféré ne pas donner suite à cette sollicitation. Cependant, il était question que cette option aller être passée en revue lors de la prochaine visite du président français en Algérie d'ici deux mois. Alger avait défini les bases des discussions qui devraient s'articuler autour d'un partenariat gagnant-gagnant avec ses partenaires, qui ne servirait pas seulement la sécurité énergétique de la France ou de l'Europe et qui ne se ferait pas non plus au détriment des intérêts de Sonatrach. Sarkozy qui peut-être espérait prendre son temps afin de concrétiser, en novembre, son idée de rapprochement de GDF et Sonatrach se voit ainsi bousculer et sommer de prendre une décision sur la fusion GDF Suez d'ici une semaine.