Ghardaïa, capitale du M'zab, où il faisait si bon vivre, se dégrade, se clochardise, la laideur s'installe. Des mendiants, des malades mentaux et des alcooliques hantent les rues. Tel est le tableau offert par Ia ville des Mozabites. Cette situation a été favorisée par plusieurs phénomènes, entre autres l'émigration intensive entraînant une prolifération de constructions illicites, de ghettos sur les hauteurs de Chaâbete Enichène, au fond de Chaâbete BeIaghmanev et dans d'autres endroits. Cette bidonvillisation a dénaturé les us, traditions et coutumes des citoyens locaux et a vidé les valeurs morales et touristiques de leur sens. La crise économique et l'absence d'une prise en charge réelle des jeunes n'arrangent pas les choses. En effet, les carences d'une politique de formation et l'absence d'une vigilance de la part des services concernés accentuent davantage Ia délinquance. Les vendeurs à Ia sauvette de cigarettes, de portables, de friperie et différentes choses squattent les places et les rues principales. Ce marché parallèle, pourtant informel, est une conséquence logique de Ia paupérisation, de Ia crise économique et sociale. Par ailleurs, les péripatéticiennes et les dealers occupent le terrain, c'est le racolage au quotidien. De très nombreux jeunes, visiblement étrangers à Ia ville pour Ia plupart, racolent en toute quiétude, au vu et au su de tout le monde, sans qu'ils soient pour le moins importunés par les services de police ! Vous les trouverez dans plusieurs endroits, les rues commerçantes, devant les lycées et collèges, aux arrêts de bus... La toxicomanie, ce mal du siècle, fait également des ravages chez les jeunes qui s'adonnent furtivement à Ia drogue ! Avec le chômage, la dégradation du pouvoir d'achat, le phénomène de Ia mendicité complète le tableau et s'amplifie d'une manière alarmante. Ils sont une quarantaine dans une tenue vestimentaire choquante à errer à travers les rues de Ghardaïa, en majorité des femmes venues d'autres cieux. On les rencontre devant les commerces, assises sur les trottoirs, sur les terrasses des cafés, à Ia gare routière et aux environs des mosquées. Certaines cités populaires du centre et sur la périphérie de la ville se détériorent et se dégradent à vue d'œil sur le plan d'hygiène et de l'urbanisme. Les écuries dispersées à travers Ia ville et les ordures non ramassées dégagent une puanteur. Et l'on s'étonne qu'il y ait des épidémies et des maladies infectieuses. Où sont les autorités et les élus locaux ? Cependant, il ne va pas sans dire qu'au rythme où vont les choses, la célèbre ville des Mozabites ne sera bientôt qu'un vieux souvenir aux yeux des touristes.