Le génocide contre les défenseurs des droits de l'homme et les militants de la démocratie dans la région du M'Zab. Dr. Fekhar Kamal Eddine VIDEO 1 VIDEO 2 La nature du régime algérien : Immédiatement après l'indépendance, le parti et la pensée uniques, ont dirigé d'une poignée de fer la société algérienne. Et pour assurer la survie et la continuité de la dictature totalitaire, il n'a permis l'ouverture d'aucun espace permettant de discuter de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés individuelles et collectives. Pis encore, le simple fait d'en parler, expose son auteur aux plus graves accusations et poursuites judiciaires, voire à la liquidation physique. Et ce, malgré que l'Algérie eut ratifié et signé les divers pactes et traités internationaux relatifs au respect des droits de l'homme et aux libertés. Quant au débat sur les minorités et la protection de leurs droits, il s'agit d'un sujet qui reste tabou et qu'il faut éviter d'aborder. Hélas et jusqu'à nos jours, ce sujet est synonyme, aux yeux du régime, d'autonomie et d'appel à l'intervention étrangère ! Aperçu historique sur les souffrances de la population du M'Zab ou la guerre contre son identité: La région du M'Zab à l'instar de toutes les régions de l'Algérie, a enduré et a souffert des mêmes problèmes, mais d'une manière plus marquée et plus prononcée en raison de l'identité spécifique des habitants de la région, où vit la communauté mozabite qui est considérée comme minoritaire par excellence : - Minorité ethnique berbère, d'une part. - Minorité religieuse Ibadite, d'autre part. Depuis l'indépendance, le pouvoir algérien n'a cessé de combattre cette identité mozabite en opérant par différentes manières et moyens, directs et indirects pour l'éliminer. 1 – En ce qui concerne l'identité linguistique mozabite (Amazigh), elle a souffert de racisme, de mépris et de marginalisation, allant jusqu'à l'interdiction de parler cette langue dans les institutions officielles et même à l'occasion des activités culturelles. D'ailleurs avant, c'était la Kasma du parti unique qui octroyait l'autorisation pour l'utilisation de la langue Mozabite. Ils ont même changé les noms berbères des villes de la vallée du M'Zab et même des rues et des places … 2 – Quant à l'identité religieuse de la minorité Mozabite, la situation était plus complexe et difficile. La doctrine Ibadite, qui est une école de pensée à travers l'histoire islamique, tourne autour de trois axes caractéristiques : a) le côté spirituel : le rituel et la mou'amala, b) le côté philosophique et intellectuel : communément connu comme la science de la parole. Il incite à l'usage de la raison et de la pensée, ainsi que la persuasion, et le renoncement à l'utilisation de la violence. c) l'aspect politique: ou la science politique, qui appelle dans son ensemble, à s'opposer à la corruption des dirigeants et des tyrans usurpateurs du pouvoir. Le pouvoir algérien a fermement lutté contre ce dernier versant de notre identité par l'interdiction catégorique de son enseignement dans les programmes scolaires officiels, pis encore, il a pratiqué une politique de persécution contre les adeptes de cette doctrine en les traitant de KHAWARIDJ (des étrangers à l'Islam) dans les manuels d'histoire (deuxième année du collège). Une qualification raciste et une menace pour l'existence de l'Ibadisme, plus particulièrement avec la présence de certains groupes extrémistes islamistes, qui considèrent les KHAWARIDJ comme des infidèles, des hérétiques, d'où le devoir de les combattre et les éliminer! Le pouvoir Algérien a instrumentalisé ces mensonges et autres inepties profitant de la composante humaine de la population locale pour créer une atmosphère de peur, de terreur et d'instabilité et pour faire aboutir tous ses stratagèmes visant à éliminer l'identité mozabite, et ce, en attisant des conflits entre la minorité Mozabite et les Arabes malékites résidants dans la même région, et ce, d'une manière cyclique : Beni Izguen en 1975 puis en 2004, El Guerrara en 1975 puis en 2004,Ghardaïa- ville en 1985 puis en 2008 , Malika en 2004 et Berriane en 1991 puis de Mars 2008 jusqu'à nos jours. Ces événements entrainèrent souvent des scènes de pillage, de destruction des biens, des agressions physiques et mort d'hommes. Les incidents les plus graves se sont déroulés à Berriane durant plus d'une année et demie. Le dénominateur commun de tous ces événements, c'est l'attitude franchement hostile du pouvoir à l'égard des Mozabites. Le régime a exercé depuis l'indépendance de fortes pressions, intimidations et chantages sur les responsables des institutions traditionnelles, et ce, par la menace d'une liquidation de l'identité mozabite, en fermant des écoles privées et les mosquées ainsi que la confiscation des biens habous ibadites, mettant ainsi en application son vil projet. Il interdira l'enseignement de la doctrine Ibadite dans les écoles privées pour ne tolérer que le côté spirituel de cette dernière. Cette pratique a abouti à l'ignorance des principes mêmes de cette pensée chez les enfants de notre communauté. Tout comme nous ne retrouvons, dans les lois de la République et dans la Constitution, aucune trace de l'existence d'une minorité religieuse ibadite en Algérie, ce qui met en danger de disparition cette minorité. Cette situation constitue une violation au droit fondamental des minorités de jouir librement de ses spécificités avec la garantie des mesures législatives inhérentes à cela, à savoir la reconnaissance officielle de ces droits. A travers cela, l'Algérie et la civilisation universelles profiteront de cette partie de ce patrimoine culturel, intellectuel et civilisationnel. Ghardaïa après les événements du 05 Octobre 1988 et la chute du mur de Berlin, ou le début de la revendication de nos droits: Après le soulèvement 05 octobre 1988 en l'Algérie et la chute du mur de Berlin, est apparue une jeune génération de citoyens du M'Zab qui a adhéré aux diverses organisations des droits de l'homme et aux partis démocratiques. Des jeunes, pétris de la culture revendicative pacifique et démocratique, pour le respect des droits et des libertés, et la préservation des composantes de l'identité mozabite (amazigh et ibadite) .Ces revendications ont trouvé un très large écho chez les enfants de cette région. Et ce mouvement a été en mesure d'adopter et de prendre en charge une grande partie de cette souffrance historique de la population locale, que sont l'injustice, la marginalisation et ce sentiment d'inhibition et de discrimination raciale, face à l'insistante politique du pouvoir visant à supprimer l'identité mozabite, comme nous l'avons démontré précédemment. Tout comme ce mouvement a été à l'écoute et a pris en charge, les préoccupations et les souffrances quotidiennes que sont les problèmes sociaux tels que le logement, l'emploi et les problèmes d'environnement et le manque flagrant d'infrastructures ainsi que les problèmes des commerçants … Cette jeunesse a été capable d'encadrer toutes ces préoccupations et de les traduire en revendications pacifiques des droits à travers le FFS et ses élus locaux et aussi par le biais de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, et l'utilisation des médias locaux et internationaux. Tout cela a empêché de faire basculer cette région dans la violence et l'inconnu. Ce comportement n'a évidemment pas été apprécié ni toléré par le pouvoir. Ce dernier a fait face à cet éveil de la conscience politique et à ces revendications pacifiques, par une guerre cruelle et pernicieuse utilisant pour cela tous les moyens possibles en particulier en instrumentalisant parfaitement les appareils policier et judiciaire qui, faut-il le rappeler, sont sous l'autorité totale du pouvoir exécutif. Ces deux instruments donc, ont été outrageusement utilisés pour réprimer et étouffer dans l'œuf ce nouvel éveil dans la région du M'Zab. Les cadres de ce mouvement ont eu à subir une répression féroce et une vague d'intimidations policières et judiciaires dont des procès préfabriqués et marathoniens qui ont même abouti à des emprisonnements. C'étaient les événements de Ghardaïa de 2004, l'affaire de Baba Nadjar et jusqu'à aujourd'hui avec la série de procès préfabriqués. Les voies et moyens utilisés par les autorités pour en finir avec l'éveil de Ghardaïa : Premier moyen : la confrontation directe et la répression contre les symboles de cette pensée: En 2004 et plus précisément le 17 octobre 2004, des mandats d'arrêt ont été délivrés par l'appareil judiciaire contre des membres du bureau régional de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme et des cadres du Front des Forces Socialistes et de ses élus à Ghardaïa. De fausses et très graves accusations ont été portées contre eux, accusations qui pouvaient mener à des condamnations très lourdes, allant jusqu'à la perpétuité. Le wali de Ghardaïa a exploité les troubles fomentés dans la ville, après le retentissant succès de la grève pacifique des commerçants organisée le 12 octobre 2004 et ce, pour protester contre le traitement injuste et humiliant infligé par les agents du contrôle des prix à leur encontre. Tout comme il s'agissait aussi de régler des comptes avec les encadreurs du mouvement de protestation pacifique qui a paralysé la ville de Ghardaïa, durant toute la journée du 27 avril 2004 et pour protester contre la détérioration des conditions sociales et de l'environnement. Il avait été donné à ce mouvement de protestation un caractère civilisé et pacifique et qui se résumait en la formulation d'une plateforme de revendications adressée aux autorités locales et à l'opinion publique nationale et internationale. Le 12 mars 2005 s'est tenu un simulacre de procès avec la participation de nombreux avocats et en présence de dirigeants et élus du Front des Forces Socialistes ainsi que des responsables de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme . Le verdict prononcé contre ces militants était de cinq ans de prison ferme sans qu'il y ait la moindre preuve, aussi infime soit-elle. De par cette situation, les événements de Ghardaïa ont vite débordé du cadre local, pour atteindre une dimension nationale et internationale. Deuxième moyen : Elaboration de vils complots et fabrication d'accusations : 1. Les autorités locales et à leur tête le wali de Ghardaïa ont accueilli l'implantation du FFS avec prudence et méfiance, notamment lors des élections présidentielles de 1999 et le retrait, à la dernière minute, des six candidats de la course. A l'époque déjà, le wali avait considéré l'attachement de Kamal Eddine Fekhar (membre de la commission wilayale de surveillance des élections) aux orientations du FFS, comme un affront et un défi. Le wali, avait promis et juré publiquement de donner à Fekhar une leçon qu'il n'oublierait pas de sitôt. La menace du Wali ne s'est pas faite attendre. Dés la première occasion, un dossier fabriqué de toutes pièces a accusé le Docteur Fekhar d'avoir falsifié un certificat médical au profit d'un citoyen, alors qu'il était de garde à l'hôpital de Ghardaïa. Pourtant, ce certificat médical portait la signature du Docteur Fekhar qui était de garde ce jour-là, alors que la veille, ce même patient avait eu un certificat similaire pour les mêmes raisons (coups et blessures avec préméditation) signé cette fois ci par un autre médecin. Les mêmes raisons ont valu à ce patient trois mois de convalescence attribués par l'hôpital Aissat Idir d'Alger après une intervention chirurgicale. Suite à cette manigance judiciaire, Dr Fekhar avait écopé d'une année de prison ferme. 2) Immédiatement après la libération des derniers détenus des événements de 2004, la vallée du M'Zab avait vécu d'extraordinaires scènes de liesse et de joie traduites par des fêtes et de grandes cérémonies en cette occasion. Cela a largement contribué à l'augmentation de la popularité des militants, ce qui allait à l'encontre de la stratégie des autorités locales. Ces dernières se voyaient dans l'obligation de revoir leur copie en adoptant la stratégie du complot, de la préfabrication des affaires et des accusations. En 2005, a eu lieu un ignoble meurtre qui a coûté la vie à un ancien militant du FFS, Brahim Bazine, provoquant la consternation et la désolation partout à Ghardaïa. Deux jours après, un jeune homme, Mohamed Baba Nadjar était accusé de ce crime. La police a tenté de conclure un marché avec le présumé assassin pour lui faire dire que le Dr Fekhar ou un autre dirigeant du FFS à Ghardaïa était l'instigateur du meurtre, en contrepartie de sa libération !!! Cet odieux marchandage a été courageusement rejeté par le jeune Mohammed Baba Nadjar. Et on peut retrouver tous ces éléments dans les différentes péripéties de l'enquête liée à cette affaire. On a même considéré le simple fait de trouver une revue périodique publiée par la fédération FFS de Ghardaïa, lors de la perquisition du domicile du prévenu comme preuve irréfutable du crime! Le juge d'instruction avait interrogé Mohamed Baba Nadjar sur son affiliation politique et sur ses relations avec les responsables locaux du FFS. Au cours du procès du 06 juin 2006, il est apparu clairement la faiblesse de l'accusation et l'absence de toute preuve matérielle l'accusant à l'exception des déclarations contradictoires du fils mineur de la victime. Tout le monde s'attendait à l'acquittement de Mohamed Baba Nadjar mais la stupéfaction et l'indignation furent grandes lorsque le juge « Mammeri » avait prononcé le verdict de la peine de mort. Suite à cette injuste et outrageuse sentence, des marches de dénonciation furent organisées, pour protester contre ce qu'on appelle depuis, « la justice du téléphone ». Après avoir accepté le recours en cassation auprès de la cour suprême, et après plusieurs reports ainsi que la torture et les sévices infligés à Mohamed à la prison de Ghardaïa, cette affaire fut programmée le 27 mai 2009 à Médéa. Une fois de plus, le procès s'est caractérisé par l'absence de toute preuve accablant le prévenu. Et plus que cela, un nouveau témoignage de l'un des fils du défunt, Bazin Brahim, affirmait qu'une personne connue avait menacé son père de mort avant le nuit du crime et qu'il avait déposé une plainte en ce sens mais qui est restée sans suite !!!! Après délibération très courte du jury, le juge a condamné le jeune Mohammed à la prison à vie. C'était la stupeur dans la salle, les présents se sont encore une fois rendus compte qu'ils avaient affaire à un appareil judiciaire sans scrupules, aux ordres du pouvoir exécutif! 3. Simultanément au procès de Baba Nadjar, les autorités locales ont concocté des accusations préfabriquées contre deux cadres de la fédération du FFS à Ghardaïa (Boudhiba Kacem et Fekhar Abderrahmane). Ils ont été accusés d'avoir incendié le véhicule du défunt Bazine Brahim, une année avant son assassinat. Il y a lieu de signaler qu'aucune plainte n'avait été déposée concernant cet incendie ni au moment ni après les faits et qu'il n'y avait aucun document attestant l'incendie du véhicule. La seule trace de ces faits était retrouvée dans la déclaration du fils (mineur) de la victime, lors du procès de Mohamed Baba Nadjar. Malgré tout cela, les deux militants sont depuis quatre années sous contrôle judiciaire et leur procès a été programmé pour le 09 novembre 2009, encourant tous deux une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison ferme. 4) – Le 15 juin 2009, sans avertissement aucun et sans présentation d'un mandat d'amener, des policiers en civil ont arrêté le Dr Fekhar Kamal Eddine. Une fois au commissariat, il s'est rendu compte de la machination orchestrée par des forces occultes, visant à l'accuser d'incitation à brûler un véhicule de la police. Cette fois-ci la police s'est basée sur les déclarations d'un certain Hamoudi Ali, un repris de justice – connu pour être un indicateur de police à Ghardaïa – qui a déclaré avoir entendu parler un autre repris de justice, Lemdehkel Omar, connu pour être un toxicomane, alcoolique et traité à l'hôpital psychiatrique de Blida pour troubles mentaux, qui disait alors que : « Fekhar Kamel Eddine l'avait incité à brûler un véhicule de la police contre une somme d'argent » . Ce même Lemdehkel Omar déclarera devant le juge d'instruction qu'il ne connaît même pas le Dr Fekhar et il niera les faits ainsi que les déclarations qu'il aurait faites à Hamoudi. Le Dr Fekhar Kamel Eddine est actuellement poursuivi en justice par la cour de Ghardaïa, pour incitation à incendier un véhicule de la police. Depuis, il est sous contrôle judiciaire et interdit de quitter le territoire national avec confiscation de son passeport. Il risque une condamnation pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison ferme. Troisième moyen : Afin de parasiter et de mettre un terme à la diffusion des idées revendicatives au sein de la société, le pouvoir a créé à Ghardaïa une organisation connue sous le nom des « A'ayanes » (notables), dont les membres ont été choisis pour leur arrivisme, opportunisme, allégeance et leur amour de l'intérêt personnel, pour représenter la société en lieu et place des représentants légitimement élus, et ce, afin de faire passer son discours et sa propagande. Tout cela entre dans le cadre de la nouvelle stratégie : partager les rôles afin que le pouvoir n'apparaisse pas directement sur la scène publique mais aussi afin de réprimer les opposants, les militants des droits humains et les syndicalistes. Ces « notables » sont encouragés voire chargés d'exécuter les sales besognes et entre autre de déposer des plaintes contre les opposants. Le relais est ensuite pris par les services de police et l'appareil judiciaire pour se charger du reste et en particulier de les neutraliser en prison. 1) L'affaire du syndicaliste Hamoudi Fekhar : Immédiatement après la réussite de la grève des commerçants qui avait paralysé la ville de Ghardaïa le 17 mai 2007 pour protester contres les lois scélérates décrétées contre l'intérêt des commerçants consistant en des amendes faramineuses et des peines de prison ferme pour des infractions insignifiante, la réplique des autorités s'est faite par le biais de Debdaba Mohammed responsable de l'union des commerçants, organisation alliée du pouvoir, qui a déposé une plainte à l'encontre de Hamoudi Fekhar. Au même moment, le wali de Ghardaïa avait adressé une correspondance au procureur de la république l'ordonnant de poursuivre en justice le syndicaliste en question sous couvert d'activités au sein d'une association non agréée, en violation flagrante des textes de la constitution et les lois de la République. 2) Au moment même où le monde entier visionnait à travers des enregistrements vidéo sur Internet et les différentes chaînes satellitaires, des policiers de Berriane en uniforme commettant des actes racistes et des gestes honteux contre la communauté Mozabite et au lieu de poursuivre et punir les instigateurs de ces actes inhumains, le pouvoir, qui était principalement à l'origine des événements de Berriane, exploita cette tragédie humaine pour anéantir toute véritable activité politique et toute défense des droits de l'homme. Il actionna ses larbins pour déposer des plaintes infondées contre nos militants et qui se terminèrent par des procès iniques dignes du Moyen-âge. C'est ainsi que les militants du FFS et des droits de l'homme de Berriane : Benabdallah Abdallah, Betoula Tewfik, Fekhar Omar autres….furent condamnés à la prison ferme sur la base d'accusations fallacieuses (incitation, troubles à l'ordre public…). C'est ainsi aussi que le siège du FFS de Berriane fut fermé, dissuadant les militants à afficher leur appartenance partisane ou leur adhésion à la ligue des droits de l'Homme. 3) Plusieurs plaintes ont été déposées par les supplétifs du pouvoir – membres du comité de « notables » ou membres de l'union des commerçants, organisation alliée du pouvoir – contre des cadres et les élus du FFS de Ghardaïa après la dernière grève des commerçants enclenchée par solidarité avec le jeune opprimé Mohammed Baba Nadjar. Cette avalanche de procès s'étalera sur 4 mois, c'est-à-dire jusqu'aux environs de Février 2010. En regard de la gravité de ces pratiques et de cette amère réalité, en totale contradiction avec la logique et la raison et en flagrante violation de tout droit élémentaire, de toutes les lois et en premier lieu, la Constitution et de la déclaration universelle des droits de l'Homme, En regard aussi à la stabilité, à la paix sociale et politique tout comme en regard de la prospérité culturelle et économique de tout Etat et du Monde, cela ne peut être possible sans l'instauration effective de la démocratie, la connaissance et la diffusion de la culture des droits de l'homme et de la défense des libertés fondamentales que sont les libertés d'opinion, de croyance, d'expression, le droit à la différence et sa défense et ce, par l'application des différents pactes et traités internationaux seuls garants de la reconnaissance et de la préservation de tous les droits et plus particulièrement la reconnaissance des minorités et la protection de leurs droits. Tout cela nous amène à poser une série de questions : - Pourquoi tout cet acharnement, cette insistance, cet entêtement, cette stratégie et contre-stratégie du pouvoir au point de déclencher une guerre ouverte contre des citoyens sans défense, dont le seul pêché a été de revendiquer leurs droits de manière pacifique et civilisée ? - Pourquoi cela se déroule seulement dans la région du M'Zab ? - Est-ce que l'activisme politique et la défense des droits de l'homme sont devenus un crime passible des tribunaux à Ghardaïa ? - Est-il interdit aux citoyens mozabites, en dehors des autres algériens, d'activer et d'adhérer aux partis politiques autonomes et aux organisations des droits de l'homme ? Plus particulièrement si nous prenons en considération les propos racistes du ministre délégué : « les mozabites doivent s'occuper de leurs commerces !! ». Tout comme les « conseils » du procureur général, lorsque j'étais détenu à la prison de Ghardaïa lors des événements de 2004 : « il vaut mieux pour toi de quitter le FFS et la ligue des droits de l'homme, si tu veux un jour, sortir de prison » !! - Pourquoi le pouvoir a si peur, de voir émerger et se propager cette conscience politique et cette culture des droits de l'homme parmi les citoyens pacifiques de cette région qui sont connus pour leur rejet viscéral de la violence et de l'extrémisme ? - De quoi a peur ce pouvoir, en fait ? De l'élargissement des espaces et de l'augmentation des citoyens revendiquant la démocratie et le respect des droits de l'homme en Algérie, dont l'officialisation de la langue berbère ? - Ou a-t-il peur de la découverte par tous, des particularités du rite Ibadite, rite que ce même pouvoir tente sans relâche depuis l'indépendance, d'effacer et notamment dans son volet intellectuel et politique ? - Le pouvoir voudrait-il généraliser ses expériences et ses projets – réussis – de Berriane à toute la wilaya de Ghardaïa et de là, à toutes les régions d'Algérie ? - Est-ce que la majorité des algériens restera dans l'expectative devant cette injuste guerre déclarée, injustifiée et déséquilibrée ? Et sans chercher à comprendre ? Je parle plus particulièrement de la classe intellectuelle et des personnalités politiques. En sachant que toutes les régions et tous les citoyens subissent, de différentes manières, les affres de ce régime pourri et corrompu. - Jusqu'à quand, les Etats démocratiques et les ONG des droits de l'homme continueront à contempler cette guerre entre David et Goliath ? - Le temps n'est-il pas à l'ouverture d'une enquête internationale sérieuse et profonde, pour savoir ce qui se passe au M'Zab et pour sauvegarder le patrimoine civilisationnel culturel et intellectuel universel, situation appelant à la maîtrise de la raison, à l'action pacifique, à la tolérance, à l'acceptation de l'autre et au rejet de la violence, afin d'éviter son extinction et sa disparition forcée ? Dr Kameleddine FEKHAR. Ecrivain et militant de la démocratie et de la défense des droits de l'homme. Ghardaïa, le Lundi 23 Octobre 2009