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Mostaganem
Un lagunage écologique à Stidia
Publié dans El Watan le 19 - 10 - 2004

Profitant de la nature extrêmeA la sortie ouest de Stidia s'étend, sur près de deux hectares, une retenue d'eau où vivent plusieurs colonies d'oiseaux parmi lesquelles il est loisible de reconnaître plusieurs groupes de sarcelles et de cols verts.
Installés, apparemment, depuis plusieurs saisons, ces palmipèdes participent inconsciemment à donner l'impression qu'une mare d'eau naturelle s'est édifiée là comme par magie. En réalité, les passants qui se dirigent vers Oran en empruntant la double voie ne font que jeter un regard furtif vers cet espace où nichent ces canards tous les hivers. La sensation d'un espace écologique est souvent confortée par le tournoiement particulier des goélands venus depuis les falaises toutes proches retrouver un plan d'eau calme et propice au repos. Combien sont-ils ces passants qui sont tentés d'accoster ces berges paisibles que délimitent des roseaux et que la faible brise automnale fait bouger langoureusement ? Ce ne sont certainement pas les grosses conduites qui alimentent Oran en eau potable, qui jouxtent la mare, qui feront éveiller le moindre soupçon sur sa nature réelle. D'ailleurs, à l'origine, la lagune artificielle qui n'occupait qu'un petit espace était traversée de part en part par ces deux canaux. Ce qui fera réagir nombre de citoyens qui alertèrent l'Inspection de l'environnement qui exigera à son tour du propriétaire de remédier à cette situation. Ce qui sera fait dans des délais très courts, craignant une contamination de l'eau potable par ces eaux usées. A l'origine, il y avait le problème de l'évacuation des eaux domestiques de Stidia qui se jetaient facétieusement vers la mer. C'était du temps où l'agglomération la plus coquette de la côte mostaganémoise comptait quelques milliers d'habitants que venaient renforcer en nombre les estivants et les vendangeurs qui y séjournaient parfois jusqu'à 25 jours consécutifs qu'ils passaient à récolter du raisin gorgé de soleil et d'embruns. L'eau potable disponible Mais l'arrachage du vignoble allait être fatal à l'économie toute saisonnière de la station balnéaire. Il a fallu l'érection d'un quartier périphérique sur les hauteurs - à une époque où les lotissements à bâtir faisaient cruellement défaut au niveau de toute la wilaya - et l'implantation d'un groupe d'immeubles en bordure du village pour provoquer une arrivée de populations venues de toutes parts occuper ces espaces. Ce qui se traduira rapidement par un doublement de la population. L'eau potable qui faisait cruellement défaut jusqu'aux années quatre-vingts, sera disponible en des quantités appréciables. C'est la conjonction de tous ces éléments qui fera réagir les responsables locaux, les incitant à remettre en cause le rejet des eaux domestiques vers la mer toute proche. L'idée de traiter ces eaux usées par l'aménagement d'une lagune artificielle, sur des terres asséchées et abandonnées par les agriculteurs venus en force alimenter l'exode rural, fera réagir favorablement la défunte ANPE dont le premier siège occupait une bâtisse en plein centre du village. Bien que rudimentaire, la lagune fera épargner à la côte fort poissonneuse et à la minuscule plage où se bousculaient les estivants, une terrible défiguration. Profitant de la nature extrêmement perméable des sols, les eaux usées n'auront aucune peine à s'enfoncer profondément dans la terre. En effet, les sols étant majoritairement constitués de sables parfois très fins vont se laisser imbiber par ces eaux jusqu'aux plus profondes couches. Mais voilà que, depuis trois années, des fellahs audacieux oseront revenir sur ces terres abandonnées aux quatre vents et sur lesquelles l'érosion éolienne allait creuser de véritables talwegs. Petit à petit, les terres seront de nouveau mises en culture, au grand bonheur des fellahs dont certains n'hésiteront pas à creuser des puits sur cette terre jadis aride. Le miracle était au bout de l'effort. En effet, malgré un débit faible, l'eau était disponible parfois à seulement 15 mètres. Développement des cultures maraîchères Rapidement, les cultures maraîchères feront leur apparition dans cette contrée consacrée à la viticulture depuis l'arrivée des premiers colons à la fin du 19e siècle. Ainsi, après les petits pois et les fèves viendront fleurir les courgettes d'arrière-saison, les choux-fleurs et autres pastèques. Petit à petit, la verdure prendra possession de l'espace. Aujourd'hui, il y a une dizaine de puits qui permettent l'entretien de plusieurs hectares que l'eau qui filtre de la lagune toute proche permet de maintenir en verdure toute l'année. Si les précautions d'usage en matière d'utilisation de ces eaux sont respectées, il apparaît que le traitement des eaux domestiques par simple lagunage, outre qu'il respecte l'environnement, permet de créer une activité agricole en aval dont les retombées sont à venir. Il est vrai, comme le soutiendra cet agronome rencontré sur les lieux, que la nature des sols et la faiblesse relative du tonnage d'eaux usées induites par une petite agglomération de 12 000 habitants constituent des facteurs non négligeables de succès. A voir les alignements d'oliviers, dont la rusticité a été soumise à rude épreuve, reprendre vie et ployer sous le poids des baies dont la noirceur précoce témoigne d'une réelle vivacité, l'espoir est désormais possible.

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