Alors que des dizaines de zones humides ont disparu, ces trente dernières années, dans la Mitidja du fait de la négligence des hommes, le lac de Reghaïa, seul rescapé de cet amenuisement, semble à son tour menacé d'anéantissement mettant ainsi en danger l'équilibre hydrologique et biologique du pays. En effet, des centaines de constructions illicites et de baraques ont envahi une partie du lac, mettant en péril les nombreux projets éducatifs, scientifiques et environnementaux inscrits par le centre cynégétique qui assure la gestion de ce site d'importance internationale, classé en juin 2003 sur la liste Ramsar. Cette situation lamentable porte préjudice à l'écosystème des lieux et aux espèces florales et animales rares existantes dans ce marais comme elle menace la zone intégrale du lac considérée comme un périmètre d'habitat et d'humidification où des milliers d'oiseaux protégés par les lois nationales et internationales s'en servent pour se reproduire et se développer. “Cette zone intégrale que nous considérons comme la plus importante du lac et qui est très prisée aussi bien par les chercheurs que par les oiseaux risque de disparaître, ce qui constitue une réelle menace pour le devenir du lac”, nous affirme Taleb Abderrahmane. Non seulement les autorités tardent à intervenir pour remédier à la situation, elles ont pris, il y a un peu plus de deux ans, la décision aberrante d'ériger, dans la précipitation, des logements collectifs destinés aux sinistrés aux abords du lac enfonçant davantage l'avenir de la zone et hypothéquant ses chances de devenir un milieu de tourisme écologique du centre du pays. L'endroit est paradisiaque. Sa proximité avec la capitale a fait qu'une de ses parties, notamment celle située au nord, a captivé des investisseurs étrangers parmi lesquels des Koweïtiens qui ont tenté vainement, dit-on, d'implanter un projet touristique en harmonie avec la nature du site. Ce lac, considéré comme le dernier vestige de la Mitidja, se prolonge jusqu'à la fameuse plage d'El Kadous et s'étend sur une surface totale de 11 000 ha. Il est constitué d'un plan d'eau où vivent 12 espèces d'invertébrés et 12 autres de poissons tandis que sa richesse faunistique est composée de 20 mammifères, 9 espèces entre reptiles et amphibiens ainsi que 203 d'oiseaux dont 82 oiseaux d'eau et 55 autres constitués d'espèces protégées par la législation nationale. Quatre autres, en voie de disparition, sont protégés par des lois internationales, il s'agit de la poule sultane, fuligule myroca, la sarcelle marbrée et l'érismature à tête blanche. Plus de 3 855 canards de différentes espèces, notamment le souchet, le colvert, le chapeau, le siffleur, 1 146 foulques macroules et 869 fuligules milouins et des flamands roses ont été recensés au mois de novembre 2005 et nombre d'entre eux se reposent toujours sur les berges du lac. “La plupart nichent et se reproduisent dans le lac et nous nous attelons à associer des élèves qui viennent ici pour se familiariser avec ces expériences”, affirme Mme Yanima Karima, technicienne du centre, qui n'a pas manqué de nous faire visiter d'autres structures du centre équipées entièrement par Worde Wide Funde for Nature, une ONG internationale chargée de la protection de la nature et la sauvegarde des zones humides. Nous découvrons ainsi une salle de projection, des salles de lecture, des bibliothèques, une salle pour adultes qui donne sur le lac et une salle Internet. Un lac miniature réalisé entièrement par les techniciens et les employés du centre agrémente les lieux et sert de laboratoire d'expériences aux élèves. “Nous avons une convention avec le ministère de l'Education nationale qui permet à tout type d'établissement ou association de profiter des structures du centre et des cours qui sont dispensés”, précise Mme Yanima Karima. M. T.