La célébration de la journée du Commonwealth, qui coïncide avec le deuxième lundi du mois de mars de chaque année, est toujours discrète à Alger. La raison en est simple : l'Algérie n'est pas membre de cette communauté, née après la Première Guerre mondiale et composée de pays ayant fait partie de l'empire britannique. Mais la représentation diplomatique du Royaume-Uni à Alger a marqué la journée par une sympathique réception à la nouvelle résidence de l'ambassadeur Andrew Tesorière à laquelle ont été invités diplomates, universitaires et parlementaires. « Les portes du Commonwealth sont ouvertes à l'Algérie », dira l'ambassadeur. Il explique que cette organisation, qui regroupe actuellement 53 pays, ne conditionne pas l'adhésion par « le partage » de l'anglais. « Il n'existe aucune barrière linguistique », précise-t-il, citant l'exemple du Mozambique, Etat de l'espace lusophone (portugais). Entouré de pays anglophones, le Mozambique est le dernier en date à adhérer au Commonwealth en 1995 aux fins de renforcer les relations avec ses voisins. Le cas du Ghana, du Cameroun et du Canada est également évoqué. Ces pays sont membres de la francophonie et du Commonwealth. Ce n'est pas par hasard que Ferry de Kerckhove, représentant personnel du Premier ministre canadien pour la francophonie, en visite à Alger, a assisté à la réception. Ferry de Kerckhove, qui a été reçu par le chef de la diplomatie algérienne, Mohamed Bedjaoui, a publiquement souhaité que l'Algérie fasse partie de la francophonie. Andrew Tesorière estime, pour sa part, que le travail avec le Commonwealth peut être fait à travers, par exemple, de petits projets de formation, d'éducation et d'agriculture. Surtout que l'action en matière économique a déjà commencé avec l'Algérie. En 2004, le Commonwealth Business Council (Conseil d'affaires du Commonwealth, CBC) a organisé, pour la première fois à Alger, une rencontre régionale sur la promotion de l'investissement en Afrique. A l'époque, le gouvernement Tony Blair avait préparé, pour le sommet du G8, un rapport sur le continent pauvre. Le CBC, en charge des questions économiques et qui est dirigé par l'Indien Mohan Kaul, travaille pour intensifier les relations avec l'Algérie, classée parmi les pays prioritaires. Une démarche similaire est développée envers la Syrie et le Maroc. Le CBC avait déployé de grands efforts pour organiser à Londres, en 2006, un forum sur l'investissement en Algérie. La manifestation n'a pas pu avoir lieu faute d'une réponse officielle d'Alger. « L'Algérie est le deuxième plus important pays en Afrique. En dehors des ressources, le pays a une histoire qui lui permet d'avoir de l'influence par rapport à une grande stabilité dans la région. Elle pourrait être en complémentarité avec le Maroc. L'Algérie pourrait être leader dans beaucoup de secteurs. Elle le sera certainement dans les années à venir dès lors qu'il y aura un management sérieux et une maturité des politiques, des institutions et des intervenants privés », nous avait confié, l'année écoulée, Josian Aurokium, chef de projet au CBC, en visite à Alger. Lors du voyage du président de la République à Londres, en juillet 2006, des contacts avaient eu lieu entre la délégation algérienne et des hauts responsables du Commonwealth Secretariat pour approfondir les relations à des niveaux différents et les rendre plus visibles. A charge pour l'Algérie d'avancer des propositions pour le Commonwealth qui œuvre pour « la promotion de la bonne gouvernance » et qui couvre un espace de deux milliards de personnes à majorité jeune. Espace qui regroupe, entre autres, l'Inde, l'Australie, le Nigeria, le Pakistan, le Sri Lanka, l'Afrique du Sud, la Malaisie, Singapour et la Namibie. Grand pays anglophone, les Etats-Unis, dont l'indépendance a précédé la création de l'organisation, ne sont pas membres du Commonwealth of nations. La particularité de cette organisation est que les pays membres ne sont liés par aucun traité. Ils sont unis, par contre, par « des intérêts communs ». « Respecting difference, promoting understanding » (respecter la différence, promouvoir la compréhension) est le message choisi cette année par le Commonwealth. La reine Elisabeth II, chef du Commonwealth depuis 1952, a, dans sa traditionnelle lettre de la journée de mars, fait un plaidoyer pour le respect mutuel afin d'éviter les divisions. Elle est fière de souligner que le Commonwealth rassemble « plusieurs croyances, races, cultures et traditions ». Le Néo-Zélandais Don McKinnon est l'actuel premier responsable du Commonwealth Secretariat, le quatrième depuis l'indépendance de cette structure en 1965. Royal Commonwealth Society (RCS), The Commonwealth Foundation et Commonwealth of Learning sont trois autres structures qui activent, en collaboration avec des ONG, dans des domaines divers comme l'éducation ou la culture. La RCS, qui a des membres dans cent pays et qui œuvre pour la promotion de la société multiculturelle, organise actuellement un concours d'écriture pour les jeunes de moins de 20 ans avec un titre original : « Vous n'avez souvent pas besoin de gouvernements ou de larges budgets pour changer le monde, il vous suffit un stylo et du papier ! »