Synthèse de Hassan Gherab Un nouvel accord sur la lutte contre le réchauffement climatique peut encore être conclu lors de la conférence de Copenhague en décembre, a estimé vendredi dernier le président français, Nicolas Sarkozy, de passage au Sommet du Commonwealth, à Trinité-et-Tobago. Appuyé par le Premier Ministre britannique, Gordon Brown, M. Sarkozy s'est prononcé à cette occasion pour la création d'un fonds mondial chargé d'aider les pays pauvres à réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES) et à prévenir la déforestation. Les deux hommes d'Etat ont estimé que les pays riches devaient provisionner cette somme dans le cadre de l'accord sur le climat qui doit être conclu en décembre à Copenhague, au Danemark. Pour sa part, M. Sarkozy a plaidé pour une enveloppe annuelle de 10 milliards de dollars sur les trois prochaines années afin d'aider les pays pauvres à combattre la déforestation et à réduire leurs émissions de carbone. Il a également prôné la création d'une «organisation environnementale mondiale» pour mesurer les progrès en matière de lutte contre la pollution. M. Brown a, lui, soumis un plan un peu différent. Dans un communiqué, le Premier Ministre britannique, cité par l'agence Associated Press, a proposé un fonds de 16,5 milliards de dollars. «Nous devons contribuer financièrement à cet effort […]. La Grande-Bretagne va y contribuer, tout comme le reste de l'Europe et, je pense, les Etats-Unis également», a souligné M. Brown, précisant que son pays se tenait prêt à apporter 1,3 milliard de dollars à ce fonds sur trois ans. Gordon Brown a souligné qu'un tel engagement financier était de nature à sortir de l'impasse dans les négociations de Copenhague : assurés de recevoir une aide financière pour leur transition, les pays pauvres sont plus à même de soutenir un accord ambitieux.Des dirigeants de pays non membres du Commonwealth et autres responsables, dont le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le Premier ministre danois, Lars Rasmussen, ont fait le voyage jusqu'aux Caraïbes dans l'espoir de relancer les pourparlers sur les changements climatiques. Lors d'une réunion spéciale, M. Rasmussen a exhorté les membres du Commonwealth à prendre de l'avance dans la négociation d'un accord contraignant, en prévision du Sommet de décembre. «Je sais que, pour plusieurs d'entre vous, les changements climatiques représentent une menace immédiate et importante», a-t-il dit. «Vous ne pouvez pas vous permettre que Copenhague soit un échec. Cela rend le défi auquel nous faisons face à Copenhague très réel», a ajouté le Premier ministre danois cité par AP. M. Ki-moon, venu pour faire pression sur les pays du Commonwealth, a estimé que les pays riches devraient fournir 10 milliards de dollars chaque année pendant trois ans et que des «financements conséquents» seraient encore nécessaires ensuite. Il a également demandé aux pays de faire un effort supplémentaire durant les derniers jours avant la conférence des Nations unies, laquelle se tiendra du 7 au 18 décembre à Copenhague. «Mon message pour vous aujourd'hui est simple : restez concentrés, restez engagés, venez à Copenhague et concluez un accord», a lancé le secrétaire général de l'ONU dans un discours aux leaders du Commonwealth. «Un accord ambitieux, un accord équitable, un accord qui répondra aux demandes de la science.» La reine Elisabeth II, qui a officiellement ouvert le Sommet vendredi dernier, a invité les pays membres de l'organisation -53 pays de quatre continents représentant environ le tiers de la population mondiale- à adopter une position commune dans la lutte contre le réchauffement climatique avant la conférence de Copenhague. Les discussions entre pays riches et pays en développement sont actuellement au point mort, plusieurs questions cruciales restant sans réponse. Pour beaucoup, le meilleur résultat que l'on puisse espérer de Copenhague serait l'établissement d'un échéancier qui jetterait les bases d'un accord pour remplacer le protocole de Kyoto lorsque celui-ci arrivera à terme en 2012. Le Sommet du Commonwealth avait placé les questions climatiques en tête de son ordre du jour. Rien d'étonnant quand on sait que la plupart des pays membres de cette communauté d'anciennes colonies britanniques sont de petites nations qui ressentent fortement les effets néfastes du réchauffement.Jusqu'à présent, 80 dirigeants ont annoncé qu'ils seraient présents à Copenhague pour le Sommet sur le climat qui s'ouvrira le 7 décembre prochain. Le président américain Barack Obama prévoit de s'y arrêter le 9 décembre, avant de se rendre à Oslo (Norvège) pour y recevoir le prix Nobel de la paix. Nicolas Sarkozy a exhorté son homologue américain à revenir ensuite à Copenhague pour participer aux derniers jours du Sommet, lequel s'achève le 18. «Si nous ne sommes pas là tous au même moment, quel genre de décisions pourra-t-on bien prendre ?» a demandé le président français, qui dit avoir également tenté de convaincre le Premier ministre indien Manmohan Singh de venir à Copenhague. Ce dernier lui a répondu qu'il consultait son cabinet à ce sujet. L'Inde est l'un des acteurs-clés dans les discussions sur le climat.