La mission de l'Union européenne d'observation électorale en Mauritanie a mis en exergue, hier, la nécessité d'ouvrir la télévision et la radio mauritaniennes pour des débats contradictoires à la faveur du second tour de l'élection présidentielle, prévue pour le 25 mars courant. Nouakchott. De notre envoyé spécial Elle a également appelé les autorités du pays à mettre en œuvre « la réglementation relative au contrôle du financement des campagnes ». « L'organisation du deuxième tour tirerait un grand bénéfice de la tenue de débats contradictoires (…) », est-il mentionné dans la déclaration préliminaire, lue par Marie Anne Isler Benguin, chef de la mission, lors d'une conférence de presse tenue hier à Nouakchott. Les observateurs de l'UE considèrent ainsi que la Haute autorité de la presse et de l'audiovisuel (HAPA) a joué « un rôle réduit au cours de cette campagne, en se contentant de mettre en place les tranches gratuites offertes aux candidats ». La mission européenne témoigne néanmoins de « la transparence et la neutralité de l'administration » durant le premier tour de cette élection présidentielle, estimant qu'en dépit de l'absence de débats contradictoires, les médias publics ont assuré « un accès égal des candidats à leur service et une couverture relativement neutre de la campagne ». Cela contrairement à la « couverture partisane » assurée par certains journaux privés, est-il encore relevé. Les observateurs ont attesté ainsi, comme l'a précisé Mme Marie Isler Benguin, que le premier tour de l'élection présidentielle s'est tenu « dans un environnement politique ouvert et apaisé après le coup d'Etat du 3 août 2005 ». Souhaitant qu'il y ait renforcement du « caractère équitable de la compétition électorale », Mme Isler Benguin a affirmé que « la campagne électorale s'est déroulée dans le calme » et que « les incidents ont été fort peu nombreux ». Le seul incident qui a été relevé par la mission européenne est l'assassinat par des inconnus d'un militaire mauritanien à Kaédi, à 350 km au sud de Nouakchott. Les observateurs de l'UE attendent que le second tour se déroule dans de meilleures conditions et que les autorités pallient les quelques manquements enregistrés au premier tour. Tout en félicitant la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour le travail accompli lors de ce scrutin, Mme Marie Isler Benguin a demandé à ce que la sensibilisation des électeurs se poursuive à travers notamment « la caravane de l'espoir et le film Taxi démocratie », lesquels ont donné des résultats satisfaisants lors du premier tour. En résumé donc, la mission européenne est « satisfaite » du déroulement de la période de transition en considérant que « les autorités ont respecté leurs engagements » de rendre le pouvoir aux civils après cette élection présidentielle. Mme Isler Benguin estime que « cette élection présidentielle est la dernière étape du processus de sortie de transition mis en place à la suite du coup d'Etat du 3 août 2005 ». Présente en Mauritanie depuis le 2 février, la mission européenne poursuivra son travail d'observation jusqu'au 14 avril, conformément à la déclaration de principe pour l'observation internationale des élections du 27 octobre 2005.