Le président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie affirme qu'il n'y aura plus de coup d'Etat en Mauritanie, après l'élection présidentielle dont le premier tour s'est déroulé hier. Nouakchott (Mauritanie). De notre envoyé spécial Deux heures après l'ouverture officielle des bureaux de vote, le président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), le colonel Ely Ould Mohamed Vall, fait son apparition au siège de la direction générale des domaines, à moins de deux kilomètres du palais présidentiel. La direction fait office de centre de vote, lequel est, depuis la matinée, bondé de journalistes et de cameramen venus des quatre coins du monde. Les rues des alentours sont, par contre, quasiment vides en ce dimanche 11 mars, jour du premier tour de l'élection présidentielle. Les lieux sont mis sous haute surveillance, comme les sièges de la radio et de la télévision mauritaniennes. Descendu de la rutilante voiture présidentielle, escortée d'une dizaine de policiers motards, Mohamed Vall se dirige directement vers un bureau de vote où il accomplit son devoir électoral. Et le voilà face à une armada de caméras. « J'ai voté pour la Mauritanie », déclare le colonel Vall, tout souriant devant la centaine de journalistes qui voulaient savoir pour qui il a donné sa voix. Il poursuit en disant qu'il est « fier » d'avoir ramené son pays sur la voie de la démocratie. « Je sens une grande fierté en ce jour spécial dans la vie des Mauritaniens et de leur pays. C'est pour la première fois que nous décidons par nous-mêmes de notre sort en toute liberté et démocratie », souligne-t-il. Dans le même sillage, Mohamed Vall qualifie le scrutin présidentiel de « jour spécial » pour l'ensemble des Mauritaniens. Il estime avoir « tout fait », à la tête du CMJD, pour mener jusqu'au bout le processus de transition, entamé le 5 août 2005, date du renversement de l'ancien président Maaouiya Sid Ahmed Ould Taya. Mais pour lui, cette transition n'aurait pas réussi sans la contribution de « l'ensemble des Mauritaniens » qui ont pris conscience de l'importance de « cette œuvre nationale commune ». Relevant l'importance des défis qui attendent l'heureux élu à la magistrature suprême, Mohamed Vall appelle le nouveau président à « poursuivre le processus de changement et consolider ce qui a été accompli ». Il ne doute pas ainsi des capacités des futurs dirigeants de « faire ce qui reste à faire ». Interrogé sur son sentiment maintenant qu'il s'apprête à quitter le pouvoir, Mohamed Vall affirme qu'il n'est nullement « triste ». « Le CMJD va respecter ses engagements. Nous sommes venus au pouvoir pour une mission de changement. C'est une question qu'il faut poser en termes du devoir accompli et non en termes de plaisir ou de déplaisir », souligne-t-il. L'essentiel donc pour lui est que « la dernière étape sur la voie du changement a été atteinte grâce au travail fait par les autorités de transition ». Il réaffirme, au passage, la neutralité du CMJD qui « ne s'est pas isolé dans la gestion des affaires du pays ». Il souhaite seulement que les candidats continuent sur cette lancée en se montrant fair-play et en acceptant les résultats. Il rassure, par ailleurs, que « désormais il n'y aura pas de raisons qui pourront justifier un coup d'Etat dans le pays ». Un tel scénario est, selon lui, à écarter. « Nous avons dépassé ce stade. A l'avenir, tout se déroulera sur la base des lois et de la Constitution du pays », indique-t-il. Selon lui, l'armée est désormais censée « se soumettre aux lois de la République, comme toutes les autres institutions du pays ». Revenant sur la problématique des relations existantes entre la Mauritanie et Israël, lesquelles ont fait d'ailleurs l'objet de thèmes de campagne de plusieurs candidats, Mohamed Vall la prend d'un angle plus général. Cette question ne concerne pas, selon lui, la Mauritanie. Elle concerne tout le monde arabe. S'il faut revoir ça, ce devrait se faire dans un cadre global en concertation avec tous les pays concernés. De son côté, le Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubaceur a attesté hier de la fin de la période de transition. « A l'avenir, la Constitution présidera aux destinées du pays », a-t-il affirmé. Habib Ould Hamat, secrétaire général du CMJD, a pour sa part rassuré hier sur le bon déroulement du scrutin. « L'opération de vote se déroule dans le calme et la sérénité », a-t-il déclaré, affirmant que les bureaux de vote se sont ouverts à l'heure. Il a précisé également que le « problème des cartes de vote » ne s'est pas posé, car elles ne sont pas obligatoires. Cela n'a pas empêché les autorités, d'après lui, de procéder, samedi, à la distribution de près de 68% des cartes à Nouakchott.