Etape n Après un examen électoral réussi, Nouackchott songe à la présidentielle dont l'issue déterminera le véritable avenir politique du pays. Acteurs politiques, Commission électorale nationale indépendante (Céni), observateurs internationaux, tous se sont déclarés satisfaits du bon déroulement des premières élections de la transition démocratique en Mauritanie, et l'ensemble du pays semble déjà tourné vers la présidentielle de mars 2007. Les législatives du 19 novembre et 3 décembre derniers ont donné le coup d'envoi d'un processus électoral décidé par la junte qui a déposé, en août 2005, l'ex-président Mouaâouiya Ould Taya, lui-même arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat en 1984. «C'est la première fois que les Mauritaniens votent librement et dans des conditions démocratiques», a estimé, hier, mercredi, à Nouakchott, Marie-Anne Isler-Beguin, chef de la mission d'observation de l'Union européenne pour les scrutins de novembre-décembre. «L'administration mauritanienne a prouvé qu'elle était capable d'organiser ces élections, elle avait simplement besoin d'une volonté politique qui n'existait pas auparavant», souligne, de son côté, l'éditorialiste Mohamed Fall Ould Oumeïre, directeur de La Tribune, hebdomadaire indépendant. Autre élément positif à ajouter au crédit de la junte dirigée par le colonel Mohamed Ely Ould-Mohamed Vall : une participation d'un niveau sans précédent. «Il s'agit de la plus forte participation jamais enregistrée. A Nouakchott, à titre d'exemple, on a eu plus de 69% de participation, alors qu'avant il n'y avait jamais eu plus de 30% de votants, bourrage des urnes non compris», assure Ould Oumeïre. Autre signe d'ouverture démocratique, les scrutins ont permis l'entrée sur la scène politique de groupes autrefois interdits, comme les islamistes modérés et l'ex-opposition armée en exil devenue parti politique. Selon des résultats officiels des élections législatives publiés en début de semaine, la coalition de l'ex-opposition et les candidats indépendants issus de l'ancien parti au pouvoir sont sortis vainqueurs avec respectivement 41 et 39 sièges sur un total de 95. En l'absence de majorité claire dans cette nouvelle assemblée, observateurs et politiques ont déjà l'œil rivé sur la présidentielle de mars, qui dessinera plus nettement l'orientation politique du pays. «Les résultats de la présidentielle seront décisifs pour déterminer les alliances au sein de l'Assemblée, puisque le système mauritanien est présidentiel et que la classe politique est souvent rangée du côté de celui qui gouverne», analyse Mohamed Mahmoud Ould-Aboulmaaly, rédacteur en chef du quotidien indépendant Nouakchott Infos. Reste à savoir quel président sortira des urnes au soir du 25 mars 2007. Pour Ould Oumeïre, «les candidats issus des partis auront plus de chance grâce à leur côté rassembleur et leur légitimité, à l'image de ceux qui ont combattu l'ancien régime et qui ont été emprisonnés». Parmi ces derniers, le chef du Rassemblement des forces pour la démocratie (RFD ) Ahmed Ould Daddah, demi-frère du premier président depuis l'indépendance, Mokhtar Ould Daddah (1960-1978), semble pour l'instant le mieux placé.