Ces cinq dernières années, le nombre de travailleurs syndiqués a baissé d'une manière vertigineuse dans la région de Annaba. Les inamovibles « fonctionnaires » de l'UGTA ne font rien pour juguler cette baisse. Ils préfèrent s'occuper des œuvres sociales du peu d'entreprises publiques encore viables ou des administrations (hôpitaux, Poste et Algérie Télécom…). Depuis début 2007, leur occupation s'est totalement concentrée sur les élections législatives du 17 mai et sur la préparation de celles locales d'octobre. Sous la bannière de leur parti, le Rassemblement national démocratique (RND), les apparatchiks de l'UGTA comptent énormément sur les travailleurs pour décrocher, au moins, un des sept sièges à l'Assemblée populaire nationale. Oubliant que le déclin de l'UGTA est à son apogée, ils croient dur comme fer que ce siège est à leur portée. Les représentants locaux autoproclamés de l'UGTA ont totalement éludé les appels des travailleurs au renouvellement de leur syndicat. C'est le cas de ceux de la Poste et d'Algérie Télécom. Même la guéguerre que se livrent les deux syndicats UGTA des chauffeurs de taxi avec plus de 3500 adhérents ne les intéresse pas, car obnubilés par leur opportunisme. Ces chauffeurs, tout autant que les travailleurs de l'ex-P et T, représentent pourtant un potentiel d'électeurs appréciable sur plus de 367 000 inscrits à l'issue de la récente révision des listes électorales de la wilaya de Annaba. Le RND figure dans le lot des 18 partis et listes indépendantes qui ont retiré leurs dossiers de candidature des services de la wilaya. Les membres fondateurs locaux du parti d'Ahmed Ouyahia, en majorité de niveau universitaire, sont passés à la trappe. Aucun d'eux ne figure sur la liste des candidats à la députation. Cette liste, affirme-t-on, sera conduite par l'actuel secrétaire général de l'Union territoriale. Toute cette fébrilité est largement visible du côté du siège de l'Union de wilaya de l'UGTA. Cette structure, patrimoine des travailleurs toutes tendances politiques confondues, a été transformée, par la force de l'absence de l'Etat, en siège du parti politique RND. Tout ce qui a trait aux intérêts des travailleurs, les dépassements dont ils sont victimes et leurs aspirations socio-professionnelles sont pour le moment mis au placard. Les syndicalistes de la base, ils sont très rares, sont muselés. Le chômage continue de progresser avec les licenciements souvent abusifs et les compressions des effectifs déguisées appliquées par des opérateurs économiques privés. Depuis fin 2006 à mars 2007, il a enregistré un mieux dans le mauvais. Alors que l'UGTA du RND se mobilise pour les législatives en occupant la totalité des structures des travailleurs, y compris le collège syndical Rizzi Amor, les chiffres moroses pourraient enregistrer prochainement les futurs sacrifiés de la mondialisation. « Le nombre de demandeurs d'emploi augmentera d'une façon non négligeable en 2007 », avaient annoncé les différents responsables chargés du travail et de l'emploi dans la wilaya de Annaba. Les apparatchiks de l'UGTA n'ont fait aucun commentaire là-dessus. Le syndicalisme et la lutte contre le chômage sont, pour eux, un simple faire-valoir à avancer pour pérenniser leurs privilèges et éventuellement un sujet de campagne électorale.