Le Comité des chefs d'Etat et de gouvernement pour la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) se réunit aujourd'hui à Alger en présence de nombreux chefs d'Etat de pays africains membres du Nepad. La confirmation d'une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement sur la vingtaine de pays que compte le Nepad, à l'heure actuelle, pour prendre part au sommet extraordinaire d'Alger est-elle en soi un gage de réussite et de fécondité de ce projet généreux et ambitieux à la fois que constitue le Nepad ? Au plan de la représentation, le sommet d'Alger s'annonce d'ores et déjà sous de bons auspices. Dans une déclaration à la presse à son arrivée hier à Alger, le président de la Commission africaine de l'UA, Alpha Omar Konaré a indiqué que « comme déjà en 1999 ici à Alger, c'est la même lancée » qui sera impulsée avec le sommet du Nepad. Cette appréciation est pourtant loin d'être partagée par les pays membres du Nepad parmi lesquels des pays influents de cette organisation comme le Sénégal, un des cinq pays fondateurs du Nepad. Son président Abdoulaye Wade absent du sommet d'Alger pour des raisons inexpliquées avait ouvert une brèche dans les milieux bien-pensants du Nepad qui ne voyaient dans le bilan de cette organisation que des aspects positifs. Il n'avait pas hésité à fustiger avec son franc-parler coutumier « les bureaucrates » qui dirigent le Nepad allant même jusqu'à proposer la fermeture de son secrétariat, qui « dépense de l'argent pour rien ». Les résultats négligeables par rapport à l'ambitieux plan de développement pour l'Afrique arrêté par les représentants du Nepad à l'occasion des rencontres périodiques avec les dirigeants du G8 montrent, à l'évidence, que le Nepad cherche encore sa voie. Les grands projets structurants du Nepad qui devraient favoriser l'intégration de l'Afrique et promouvoir la coopération intra-africaine avancent lentement pour les rares projets qui ont pu être lancés. Cela, faute de volonté politique et de ressources propres à l'Afrique, mais aussi par manque d'engagement de la part des partenaires du Nepad dont les promesses d'aide et de financement ne suivent pas toujours leurs belles professions de foi. Les Etats africains qui se sont mis, pour beaucoup d'entre eux, presque contraints et forcés, à l'heure de « la bonne gouvernance » avec des résultats plus ou moins mitigés constatent, à l'épreuve des réalités, que la démocratie ne s'achète pas à coups de dollars. Pas plus que le partenariat subit comme c'est le cas dans les relations du Nepad avec le G8 ne peut efficacement impulser le développement de l'Afrique. La relance du Nepad passe nécessairement par l'implication des sociétés civiles africaines à la redéfinition des objectifs de ce projet et à sa mise en œuvre.