Les cinéphiles, guère nombreux, ont assisté à la projection, jusqu'à samedi, de quatre longs métrages, tirés du répertoire cinématographique allemand. Le sous-titré en arabe était de rigueur. Quoique ceux qui ont fait le déplacement sont les mordus de la langue de Schiller, il ne s'en trouve pas moins parmi eux des germanophiles possédant, par ailleurs des rudiments de cette langue. Hilarant à tout point de vue, le premier long métrage projeté est Kebab Connection réalisé par Anno Saul en 2005. Ce film réussi de bout en bout relate l'histoire d'Ibo, un jeune Allemand d'origine turque, qui est fan de Bruce Lee et compte réaliser un film sur le Kung fu. Ce jeune Turc de Hambourg tourne un spot à succès pour le snack de son oncle, lorsqu'il apprend que son amie hambourgeoise attend un enfant de lui. C'est aussitôt le remue-ménage chez sa famille qui finira, après plusieurs tracas, par accepter cette union « contre-nature ». Le thème du deuxième long métrage, annulé par les organisateurs, est tout aussi osé. Il s'inscrit dans le sillage de ce cinéma allemand d'après-guerre. Sophie Scholl - Les derniers jours, réalisé par Marc Rothemund, relatera les malheurs d'un groupe d'étudiants ; La Rose Blanche, qui mènent la résistance à leur manière. D'obédience pacifique, ses membres propagent des tracts antinazis. Le 18 février, Hans Scholl et sa sœur, Sophie, formant son noyau le plus dur, sont aperçus par un concierge en train de jeter des tracts du deuxième étage. Ils sont appréhendés et emprisonnés à Stadelheimde. Un Jour en Europe, du réalisateur Hannes Stöhr, a été projeté à la place de Sophie Scholl. Quel événement, s'est demandé le cinéaste Hannes Stöhr, serait à la fois vécu avec la même fougue dans toute l'Europe et présent dans des lieux éloignés les uns des autres pour suggérer une impression de simultanéité ? Il faudrait, assure le réalisateur, aussi qu'il s'agisse d'un événement « clean » dont les gens se réjouissent à l'avance et non d'un attentat terroriste qui ébranlerait le monde. S'agissant de l'Europe, la réponse est un match de football. « Rien d'autre, pas même le vote sur la Constitution européenne, n'aurait un tel impact », suggère-t-il. Suivra, durant la soirée du vendredi et d'avant-hier, la projection des films Spielwütigen, Die du réalisateur Andres Veiel qui a « traqué » quatre étudiants d'art dramatique pendant leur formation dans une école à Berlin, et Educateur de Hans Weingartner qui relate les aventures de Jan et Peter, deux amis qui partagent un appartement, un minibus et surtout la même opinion concernant la manière de lutter contre l'injustice sociale. L'institut Goethe, initiateur de cette manifestation, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Voulant à coup sûr relancer ses activités, cet Institut situé au boulevard Krim Belkacem compte lancer d'autres programmes culturels et artistiques dans les prochains jours.