Dans un entretien accordé à El Pais et publié dans l'édition d'hier, le ministre de l'Energie a rappelé que le projet de Gassi Touil est un projet gazier intégré qui inclut l'exploitation, la commercialisation et la production de 4 millions de tonnes de GNL à partir de 2009. C'est le projet le plus important accordé à un consortium international et il devait être un modèle à suivre, a ajouté le ministre. L'année dernière, Repsol et Gas Natural ont gagné l'appel d'offres et maintenant elles disent qu'elles enregistrent un retard et veulent renégocier, a indiqué le ministre. Nous sommes réceptifs, a ajouté le ministre, pourvu que les deux compagnies remplissent deux conditions. La première est que l'Etat algérien ne peut pas perdre de recettes fiscales à cause du retard et la deuxième est qu'elles doivent fournir à Sonatrach le GNL nécessaire pour qu'elle puisse honorer ses engagements vis-à-vis des compagnies américaines avec qui elle a signé des contrats d'approvisionnement de gaz liquéfié. Actuellement, les deux compagnies espagnoles sont très évasives et les progrès effectués dans la négociation sont décevants, a ajouté le ministre. Il faut rappeler que le consortium espagnol, composé de Repsol-Gas Natural, avait remporté le projet géant de Gassi Touil en novembre 2004 devant BP, le consortium Total-Shell et le consortium ENI-Anadarko. Le projet intégré gaz de Gassi Touil remporté par le consortium espagnol, composé de Repsol YPF et Gas Natural, est un contrat partage de production d'une durée de 30 ans. D'un coût de 3 à 3,5 milliards de dollars, le projet porte sur une période de développement de 54 mois. Les travaux de développement portent sur le forage de 52 puits de développement, la reprise des 16 puits existants ainsi que la construction d'installations de surface pour le traitement de 22 millions de m3/j (extraction de condensât et GPL, décarbonatation), de construction de nouvelles capacités pour le transport de 6,5 milliards de m3/an de gaz de vente et de la construction d'une nouvelle usine de liquéfaction d'une capacité nominale de 4 millions de tonnes par an qui sera implantée à Arzew. L'hypothèse d'un retrait du projet au consortium espagnol n'est pas à exclure puisqu'un cas similaire a eu lieu il y a quelques années. Le consortium, composé de la compagnie malaisienne Petronas et la compagnie française Gaz de France, avait obtenu en janvier 2001 le projet gazier de l'Ahnet. Après la première phase, ces compagnies ont demandé la renégociation des conditions commerciales et ne sont pas passées à la deuxième phase. Après des mises en demeure de Sonatrach restées sans réponse et une fois passés les délais, les autorités, qui ont interprété le fait de ne pas passer à la deuxième phase comme étant une pression ou une situation de chantage, ont décidé de leur retirer le projet. Le contrat signé avec Petronas et Gaz de France portait sur l'exploration, le développement et l'exploitation en association des ressources en hydrocarbures et particulièrement les ressources gazières estimées à 5 TCF (environ 140 milliards de mètres cubes), situées dans la région de l'Ahnet, à 1400 km au sud-ouest d'Alger et à 400 km de In Salah. L'accord prévoyait aussi la valorisation en aval de ces ressources commercialisation). Le montant des investissements avait été estimé à environ 2 milliards de dollars, assurés à 45% par Petronas, 30% par Sonatrach et 25% par GDF. A propos de l'entrée de Sonatrach sur le marché espagnol et à une question sur la satisfaction ou non de l'Algérie après la décision du ministère de l'Industrie espagnol d'autoriser Sonatrach à commercialiser directement un milliard de mètres cubes de gaz naturel, le ministre a répondu : « Non ! Absolument ! » Avant de déclarer : « Nous faisons l'objet d'une discrimination claire. On va nous laisser vendre une goutte d'eau dans un océan. Il y a 43 sociétés qui commercialisent du gaz en Espagne et aucune d'elles n'est soumise à une restriction temporelle ou quantitative, sauf Sonatrach. » « Au Royaume-Uni, nous avons gagné un appel d'offres et aucune limitation ne nous est imposée », a ajouté le ministre.« Les entreprises espagnoles sont reçues à bras ouverts et la collaboration stratégique dont parlent les responsables espagnols est à double direction », a indiqué le ministre. Concernant les avantages de la présence de Sonatrach sur le marché espagnol, le ministre a indiqué qu'avec la disparition des intermédiaires, le prix du gaz sera bon marché pour les consommateurs espagnols et la part de Sonatrach sera située entre 3 et 5%. A propos du prix du gaz, le ministre a indiqué que les négociations avec Gas Natural ont commencé il y a deux ans et qu'elles portent sur le tiers du gaz livré à l'Espagne. L'augmentation serait de 20% étalée sur une année en deux périodes. Mais pour le consommateur espagnol, l'augmentation serait de 6%. Selon le ministre, Gas Natural avait accepté l'augmentation il y a 11 mois avant de faire marche arrière. Concernant les amendements de la loi sur les hydrocarbures et à la question du retour au nationalisme énergétique, le ministre a indiqué que les Américains ont refusé de céder la gestion de leurs ports à une entreprise des Emirats arabes unis, le gouvernement espagnol a défendu la compagnie Endesa devant l'assaut des Allemands, en ajoutant que ceux qui ont établi les règles du jeu d'un monde globalisé ne les respectent pas et ne donnent pas l'exemple et qu'il ne fallait pas être surpris par le fait que l'Algérie défende aussi ses intérêts. A propos de l'Opep du gaz, le ministre a estimé que tant que le marché du gaz n'arrivera pas à maturité, il ne peut y avoir une Opep du gaz, bien que l'idée mérite d'être étudiée.