Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a souligné, dans un entretien au quotidien espagnol El Pais publié hier, que la limitation émise par le ministère espagnol de l'Industrie au volume de gaz (1 milliard de m3) pouvant être directement commercialisé par Sonatrach, "ne satisfait absolument pas" l'Algérie. M. Khelil a indiqué, à cet effet, que "c'est une question de principes. Nous sommes l'objet d'une discrimination claire. On va nous laisser vendre une goutte dans un océan. Il y a 43 sociétés qui commercialisent le gaz en Espagne. Aucune d'elles n'est soumise à une restriction temporelle ou quantitative". N'appréciant pas cette situation, le ministre a souligné qu'"au Royaume-Uni, nous avons obtenu un contrat et aucune limitation ne nous est imposée. En Algérie, les entreprises espagnoles sont accueillies à bras ouverts. La coopération stratégique dont parlent les responsables espagnols est à double direction". Le ministre de l'Energie et des Mines a, par ailleurs, affirmé que la part de marché de Sonatrach, dans la vente directe de gaz en Espagne, oscillerait entre 3 % et 5 %". Il a ajouté que le fait, qu'il n'y ait pas d'intermédiaires, constitue un avantage pour le consommateur qui payera moins cher. Revenant sur la renégociation des contrats de vente de gaz par Sonatrach à l'entreprise espagnole Gas Natural, le ministre a indiqué que cette renégociation, entamée il y a deux ans, a pour objectif d'ajuster le prix qui est "aujourd'hui très bas" par rapport au prix du marché. "Nous voulons augmenter le prix de 20 % en deux étapes sur une année. L'augmentation pour le consommateur serait de 6 %. Il y a 11 mois, nous étions sur le point d'atteindre un accord, mais Gas Natural a fait marche arrière, ayant dû penser qu'elle avait une plus grande capacité de négociation", a-t-il dit en précisant que cette renégociation concerne un tiers du gaz exporté vers l'Espagne. Autre sujet de mécontentement du ministre, les négociations avec les compagnies Repsol et Gas Natural sur le projet intégré de Gassi Touil qui, a rappelé le ministre, est le projet le plus important attribué à un consortium international, en ce qu'il inclut l'exploitation et la commercialisation en passant par la production de 4 millions de tonnes de gaz liquéfié par an. Ce projet accuse un retard dans sa réalisation. M. Khelil a expliqué, à propos de ce projet, que "l'année dernière, Repsol et Gas Natural ont remporté l'appel d'offres. Aujourd'hui, elles nous disent qu'elles enregistrent un retard et veulent renégocier. Nous sommes réceptifs pour autant qu'elles remplissent deux conditions: d'abord, l'Etat algérien ne peut perdre des revenues fiscaux à cause du retard. En second lieu, Sonatrach a signé des contrats de livraison de gaz liquéfié avec des entreprises des Etats-Unis". "Jusqu'à maintenant, ces deux entreprises espagnoles sont très évasives et les progrès réalisés dans la négociation décevants", a-t-il ajouté en soulignant qu'elles doivent fournir à Sonatrach, le GNL nécessaire pour qu'elle puisse honorer ses engagements. A propos de l'éventuelle entrée de Gas Natural dans le projet Medgaz, M. Khelil a réaffirmé que Sonatrach est disposée à céder 0,8 milliard de m3/an de gaz à cette entreprise qui détiendrait ainsi 10 % des actions de la société qui exploite le gazoduc. Il a cependant précisé que le groupe algérien maintiendra une participation "minimale" de 26 % dans le capital, étant le principal promoteur du projet et celui qui a "assis ses bases". "Il doit y avoir au moins un partenaire stable qui garantisse la sécurité de l'approvisionnement", a-t-il dit, en référence, aux possibles offres publiques d'achat (OPA) sur les entreprises espagnoles associées au projet. A la question de savoir si le projet de gazoduc transsaharien aurait pour conséquence de "submerger" l'Espagne et le sud de l'Europe de gaz en provenance d'Algérie, M. Khelil a déclaré que cette question devrait plus "préoccuper" l'Algérie que ses partenaires européens. "Nous vendons 90% de notre gaz à l'Europe. Peut-être que nous devrions orienter une plus grande part vers les Etats-Unis. Nous fournirons à l'Europe, à brève échéance, quelque 80 milliards de m3/an, ce qui représentera entre 15% et 20 %", a-t-il indiqué, faisant remarquer que l'Europe diversifie actuellement ses sources d'approvisionnement.