L'adversité qui a caractérisé les rapports entre les commerçants de tous poils et les marchands ambulants qu'attirent à El-Bayadh les marchés hebdomadaires ou les manifestations économiques occasionnelles, a fini par prendre un ton plus vindicatif, pour déboucher sur l'affrontement musclé de ce Lundi, auquel les instigateurs ont cru devoir recourir pour intimider, une fois pour toute, leurs homologues dans la corporation qui leur livrent une concurrence tenace. Manifestant, depuis plus d'une année déjà, leur franche desaprobation à l'affluence externe des gens de leur métier et des créneaux horaires qui leur sont dévolus, les représentants des négociants locaux ont à plusieurs reprises adressé au président de l'APC et à la direction du Commerce des requêtes où ils ne demandent pas moins que de mettre sous des fourches caudines sévères l'exercice de cette activité qui leur fait de l'ombre. Estimant, avec une certaine outrecuidance, que durant ces périodes la main mise exclusive sur le consommateur échappe à leur emprise mercantile, faisant changer de camp au profit et que les méventes ainsi générées se répercutent sur leur capacité d'honorer les charges d'impositions qui obèrent les commerces, ici plus qu'ailleurs, affirmeront-ils. Les tenants du réseau de distribution de marchandise réalisent l'unanimité au sein de leur syndicat pour des initiatives plus agressives en vue de faire valoir ces revendications, surtout qu'aucune mesure nouvelle n'est venue les rassurer sur le bien fondé des réclamations qu'ils n'ont eu de cesse de soulever. Et devant le mutisme, croient-ils, des instances concernées, une date est retenue pour le passage à l'acte. Une grève générale marquera le début de cette journée, où tous les commerces répondront aux consignes de débrayage en baissant les rideaux pour rejoindre le rassemblement qui commençait à se former au niveau de la place du 1er Novembre. Troubles Au fil des heures, la foule devenant plus compacte, les esprits s'échauffent et des suggestions davantage enclines à pousser vers le débordement prennent le dessus, pour pousser le mouvement à faire siens les desseins prémédités et désignés à la vindicte de la contestation, dont les badaux et les curieux viendront grossir les rangs, les exposants venus occuper les stand de la foire voisine qui se tenait, quelques cent mètres plus loin, au sein des locaux des ex-Galeries. La mal vie et l'oisiveté faisant le reste, pour s'engouffrer avec la force brute de l'intrusion désordonnée et dans un tumulte indescriptible à l'intérieur de l'enceinte où, déjà, ménagères et chefs de famille s'affairaient à effectuer des emplettes, pour la transformer en un théâtre de violence où les scènes de pillage le disputeront à la volonté de tout détruire, gratuitement. Trouvant là un exutoire inespéré à ses déboires persistants, la foule manipulée des mécontents s'adonnera à la dévastation des étalages, emportant tout ce qui était susceptible de servir à quelque chose, pour se dédommager des peines endurées. Le chaos s'est généralisé et les premiers signes d'émeute menaçaient de prendre une autre ampleur, n'était-ce la prompte intervention de l'unité du maintien de l'ordre qui est parvenue à disperser la foule, sans heurts majeurs, et a faire évacuer les lieux indûment envahis avant de cerner le quartier jouxtant la station radiophonique locale. Des interpellations ont été opérées parmi les participants surexcités qui ont été conduits au commissariat pour un examen de situation, afin d'identifier ceux qui auront fomenté ces troubles. Effervescence à laquelle la cité, qui replongera aussitôt dans son calme coutumier, n'aura jamais goûté auparavant.