Les chiffres ne laissent pas d'étonner : le secteur de la pêche n'a bénéficié depuis 2002 que de 50 projets d'investissement dans le cadre du plan de relance économique. Ces projets ont trait à l'acquisition de nouvelles embarcations, à l'aquaculture et les services y afférents. Huit des projets inscrits ont été réceptionnés durant l'année 2006, consistant en l'acquisition de nouveaux chalutiers ainsi que la réfection d'autres embarcations. Pour l'Entreprise de gestion des ports de pêche (EGPP), le port d'Alger ne dispose que de 36 chalutiers, 41 sardiniers et 138 petits métiers. Au niveau de l'ex-La Madrague où ont été prévus initialement 25 postes, 11 sardiniers et 14 petits métiers, l'EGPP n'a enregistré que 12 sardiniers, 8 petits métiers. S'y ajoutent 12 cases de pêcheurs, 3 restaurants (278 m2) et 2 commerces de 30 m2. En 2005, la flottille comptait 225 embarcations pour une population maritime ne dépassant pas les 771. Toujours prompt à faire l'éloge de son secteur M. Smaïl Mimoun, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, a estimé, en 2004, à 2000 unités les besoins en matière de bateaux pour arriver à « réaliser les objectifs du secteur. » Des projets de réalisation d'équipements portuaires devaient être incessamment lancés, assure-t-on, lors de la dernière session de l'Assemblée de wilaya. Il s'agit de la construction d'annexes administratives au niveau du port de plaisance d'El Djamila à Aïn Benian et à la Pêcherie au port d'Alger. Un laboratoire central de contrôle des produits de la pêche sera mis également sur pied. Seul le nouveau siège de la Direction de wilaya d'Alger (DPW) devait être réceptionné « incessamment ». L'enveloppe allouée à tous ces projets est de 360 millions de dinars dont 137 millions représentant des aides, soit 38% de l'investissement global. Le projet de l'Institut national de technologie des pêches et de l'aquaculture (ITPA) est aussi prévu par la tutelle. Seul point à mettre à l'actif de celle-ci : l'Algérie a bénéficié de plusieurs dons du Japon d'une valeur totale de 4,3 millions de dollars, destinés principalement à l'INSTPA (ex-ITPA). Le premier don consiste en l'octroi d'équipements pour les besoins de formation de l'INSTPA. En ce qui concerne la seconde tranche, elle consistera en l'octroi d'un navire-école de formation, de type senneur de 22,5 m de long. Ce serait un secret de Polichinelle de dire que la pêche et les ressources halieutiques sont considérées comme le parent pauvre de tous les secteurs d'activités, eu égard à l'enveloppe guère consistante dont elle a bénéficié depuis 2002. L'entrée en vigueur en Algérie depuis janvier de la nouvelle réglementation du secteur de la pêche a provoqué l'émoi chez les pêcheurs qui ont décidé de ne plus lever l'ancre. Ils interpellent les pouvoirs publics pour protéger leur métier par « l'allégement des charges sociales, le retour au régime fiscal forfaitaire et la suppression des nouvelles taxes ». Comme partout ailleurs, les pêcheurs du port d'Alger se morfondent et les services du ministère de la Pêche ne sont pas pour leur faciliter la tâche, à tout le moins ingrate. Alger, dont la vocation pour la pêche est indéniable, tourne désormais le dos à la mer en représentant à peine 3,1% de la production nationale. L'Algérois est de ce fait lésé, étant donné que les produits de mer n'arrive que rarement sur sa table. Si l'on s'en tient aux chiffres avancés par la FAO en 2004, l'Algérien est loin d'atteindre la moyenne mondiale de l'OMS qui fixe un ratio de 6,2%. Corroborant ce constat, le département de la Pêche révèle que l'Algérien consomme 4,58 kg de poisson par an, et par habitant. Nos tentatives pendant plusieurs semaines pour avoir plus d'information au niveau de la direction de la pêche ont été vaines. La directrice de la pêche de wilaya (DPW) est « en congé de maladie et le chef de service qui assure l'intérim ne peut aucunement répondre à vos questions », ne cesse-t-on de nous assurer.