A la gare du Nord à Paris, le contrôle et l'interpellation d'un voyageur sans billet, mardi, a dégénéré très rapidement. Paris. De notre bureau Des jeunes, qui assistaient à la scène, ont tenté de s'interposer. Appelés en renfort, des policiers bouclent les lieux. La tension est montée très vite, provoquant jusque tard dans la soirée des affrontements entre les forces de l'ordre et des groupes de jeunes qui se sont mis à casser les vitrines de magasins et les équipements. Ces affrontements de plusieurs heures entre jeunes et forces de l'ordre dans les sous-sol de la gare ont fait 9 blessés légers. Treize personnes ont été interpellées, dont 5 mineurs, placées en garde à vue, elles devront répondre de violences sur agents de la force publique, de dégradations de biens publics et privés et de vols en réunion. Le voyageur sans billet « est un récidiviste défavorablement connu des services de police et de surcroît entré illégalement sur le territoire », a déclaré le ministre de l'Intérieur, François Baroin, à l'issue du conseil des ministres. Les réactions politiques n'ont pas tardé « Nicolas Sarkozy, qui se dit désormais libre d'aller vers les Français, a semé depuis plusieurs années les graines d'une situation explosive », estime la candidate du PCF à la présidentielle, Marie-Georges Buffet, dans un communiqué. Jack Lang, conseiller spécial de la candidate PS Ségolène Royal, a demandé « une enquête » sur ces événements qui, pour lui, « ne sont pas fortuits » et sont « une triste illustration de l'échec patent de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy ». Julien Dray, porte-parole du PS et de Mme Royal, avait déclaré dès mardi soir que ces affrontements illustraient « le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population ». Xavier Bertrand et Rachida Dati, porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy ont rétorqué en accusant, dans un communiqué, les socialistes de « laxisme ». François Bayrou a évoqué « l'énorme malaise » entre les Français « qui ont l'impression d'être stigmatisés et constamment ciblés » et ceux « qui ont le sentiment de ne pas être défendus », dans un entretien accordé à plusieurs médias. Philippe de Villiers, candidat du Mouvement pour la France (MPF), a mis en cause des « bandes ethniques » et « des barbares ». Le 20 mars, l'interpellation d'un grand-père chinois sans papier d'un enfant à la sortie de l'école, dans le quartier de Belleville, a été entravée par la directrice de l'établissement qui a essayé de s'interposer. La convocation et la garde à vue pendant plusieurs heures de la directrice de l'école a suscité la mobilisation des parents d'élèves et des habitants du quartier, ainsi que des réactions d'indignation parmi les candidats à l'élection présidentielle. Deux incidents qui, en apparence n'ont aucun lien entre eux, montrent toutefois que les rapports entre la police et une partie de la population qui se sont considérablement dégradés depuis les émeutes des banlieues, ne se sont pas améliorés. Certains syndicats de police s'inquiètent du fossé qui se creuse avec une partie de la population et des jeunes. Il reste à craindre que ces événements soient récupérés par les tenants de la sécurité à tout crin, à moins d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle. En 2002, l'instrumentalisation de l'insécurité a hissé le Front national au second tour de la présidentielle.