Durant la nuit, les contrôles sont renforcés et ciblés. Le rôle préventif de la police a permis de réduire la criminalité La délinquance a considérablement baissé. 20h: Commissariat central de la ville de Béjaïa. Nous sommes accueillis par le commissaire principal, Tlemçani. Nous sommes invités, en cette soirée, à une virée nocturne avec les unités mobiles de police. Un rituel annuel, troisième du genre. Une fois n'est pas coutume, on nous autorise même à garer notre véhicule dans l'enceinte du commissariat. Premier constat: de nombreux véhicules bleus attendent au milieu de la cour, moteur en marche et une quarantaine de policiers en uniforme sont prêts pour la mission. Au bureau du commissaire, quelques confrères sont déjà là. Dans le hall, l'activité policière se poursuit. En attendant l'arrivée des autres confrères de la presse, la conversation s'oriente d'elle-même sur l'évolution de la presse écrite dans notre pays. Les équipes de patrouille mises en place, nous prenons place à bord des 4x4 et autres véhicules réquisitionnés pour la circonstance. 20h30: Départ. Première escale, la gare Sntv, au centre-ville. Ce lieu qui n'a de gare que le nom, est un point stratégique pour la police de Béjaïa. C'est aussi un milieu de prédilection pour les pickpockets. Un lieu, par conséquent, fortement surveillé. Assis sur un banc, trois jeunes font l'objet de contrôle. C'est le moment choisi par le commissaire principal pour nous expliquer: «Tous les individus suspects sont automatiquement contrôlés avec parfois, au bout, l'examen de leur situation.» L'examen de la situation veut tout simplement dire, conduite au poste, vérification approfondie et établissement d'un procès-verbal. Aux alentours, la situation est plutôt animée. Les commerçants du coin confirment les craintes de la police. La gare routière est rythmée par des vols et des agressions. Les voyageurs sont souvent pris à partie par les délinquants. La présence des filles de mauvaises moeurs est un autre phénomène qui dérange les familles en voyage. «A partir de 2h du matin, nous mettons en place un dispositif civil. C'est plus efficace», affirme le commissaire Tliba. Mais la situation reste souvent mouvementée. «Presque chaque matin, il y a une bagarre ici», affirme un gargotier. «Le chef du quai en est toujours à l'origine. Il trouve chaque fois un moyen de favoriser un bus par rapport à un autre», précise-t-il en nous montrant sa matraque: «C'est mon arme de défense», fulmine-t-il. Les policiers face à des situations délicates La police confirme les bagarres mais pas la cause. La Brise de mer a été la deuxième halte. Cet espace acquis récemment par la ville de Béjaïa fait pratiquement office du meilleur endroit pour la villégiature et le repos. En témoigne la présence de nombreuses familles s'y promenant le soir. Avant-hier, il faisait frais et tout l'espace fut pris d'assaut. La patrouille débouche du tunnel Sidi Abdelkader. Les talkies-walkies des officiers grésillent. Les appels de la Centrale, les échanges entre patrouilles, tout est suivi de près par le commissaire: «Nous avons tout fait pour sécuriser cet endroit», indique-t-il, avant d'ajouter: «C'est la vitrine de Béjaïa.» Les bouchons qui gênaient la situation jusque-là ne sont plus de mise, avons-nous constaté. «Depuis que l'arrêté du wali a été promulgué, la situation s'est beaucoup améliorée», avoue le commissaire Tlemçani qui fait part également de la prochaine construction d'un poste de police. Mais déjà la présence policière est régulière. Après quelques minutes, un homme, à peine la cinquantaine, déambule dangereusement. Un ivrogne. La police le repère mais n'interviendra pas tout de suite. Elle ne le fera que lorsque celui-ci entreprend de s'adresser aux automobilistes. Le commissaire Tliba ordonne, sans hésitation, que l'on intervienne. Très rapidement, les policiers entrent en action dans une discrétion totale. «Il ne faut surtout pas déranger la quiétude des familles», soutient-on. La prévention prime sur la répression De loin, nous observons l'interpellation, passée inaperçue aux yeux des touristes présents sur les lieux. L'homme tente de résister, se débat et finit par monter de lui-même dans le véhicule. De la radio on entend: «Individu arrêté, intervention terminée.» Tout au long de la virée, la conversation continue avec le principal Tlemçani et le commissaire Tliba nous sera d'un apport considérable pour notre mission. La nuit a été calme. A l'exception de l'interpellation de l'intempérant, aucun incident n'est à signaler. «Les cas d'ivresse sur la voie publique, les vols, les agressions et les disputes familiales et de voisinage sont fréquents», explique-t-on. Dans la foulée de la discussion, nous apprenons que la veille, un homme de 45 ans s'est donné la mort sur les hauteurs de la ville. La couverture policière à Béjaïa est loin de la moyenne nationale. Si au niveau national elle est d'un policier pour 300 habitants, la situation à Béjaïa est loin du compte: 1 policier pour 500 habitants. C'est dire le besoin en matière de recrutement. «La Sûreté de daïra de Chemini n'est pas ouverte encore en raison du personnel», affirme-t-on. Après quelques contrôles de routine, les véhicules contournent le port par un détour au parc de Gouraya. Près des manèges, peu fréquentés en pareil moment, une voiture de police surveille les allées et venues des véhicules. Des appels reçus sur la fréquence radio demandent le changement des batteries. Arrivé au niveau de l'Ecole militaire, le commissaire repère un bus près du portail et prend soin de vérifier d'abord auprès du soldat portier qui rassure les policiers. «Tout va bien, on vous remercie», lance-t-il. La patrouille change de cap. Destination, la sortie Ouest de la ville. Une halte au barrage fixe de la police de Bir Slam pour prendre des nouvelles des éléments postés au niveau du rond-point. A ce moment, la ville se vide mais la route est toujours fréquentée. Le dispositif a évolué. Le barrage est déplacé de quelques mètres mais reste toujours mal éclairé. «C'est une question d'efficacité.» Durant la nuit, les contrôles sont renforcés et ciblés. C'est là que se termine la virée avec la police de Béjaïa. Le rôle préventif de la police a permis de réduire la criminalité à Béjaïa, avoue le commissaire Tliba. La délinquance a considérablement baissé. Même si elle ne peut pas être éliminée, il reste que la présence policière se traduit toujours par une diminution. De retour au commissariat central, l'activité a sensiblement baissé. Nous saluons nos compagnons de nuit qui nous donnent rendez-vous pour aujourd'hui. La police fête sa Journée nationale.