Un motif impérieux impose ce déplacement : une pétition adressée au premier responsable de la wilaya, une pétition en 7 points et comportant 128 signatures.En tête de ces doléances, figure à juste titre la dégradation de l'état de route qui dessert cette localité. Confiée il y a deux ans à une entreprise privée, sa réhabilitation a été bâclée de telle sorte que l'été dernier au regard de la situation régnant de nouveau sur cette voie, une journée de protestation a été décidée par la population qui a abouti à la fermeture du siège d'APC. Le 2e point soulevé dans cette lettre a trait au gaz de ville. La population ne semble pas comprendre qu'elle ne puisse pas bénéficier de cet avantage quand l'oléoduc traverse de part en part la commune, et ce, malgré les nombreuses pétitions adressées aux autorités concernées pour attirer leur attention sur ce cas. Le programme de RHP, dont Aïn Turk a bénéficié au même titre que les autres communes, se heurte frontalement au problème de terrains privés demeurés dans l'indivision. « Le travail effectué au niveau de la commune s'est basé sur d'anciens documents au nom de propriétaires ayant disparu depuis longtemps, de sorte que ceux qui ont hérité de ces terrains ne peuvent justifier juridiquement leurs droits sur ces propriétés », nous expliquait l'un des pétitionnaires qui s'est rendu à notre bureau. Les 5, 6 et 7 derniers points évoquent l'absence de structures sportives, culturelles, de loisirs et de détente, l'obstruction de la route à la sortie du village de Aïn Turk par l'étalage de marchandises le samedi matin, jour de marché et la dénonciation de l'amiante, matière utilisée par le réseau d'AEP ainsi que la distribution d'eau qui a lieu une fois par semaine. Une commune oubliée Selon le responsable d'APC, il y a comme une volonté délibérée de la part des élus et de l'administration de ne pas regarder du côté de cette commune qui s'étend sur une superficie de 40,79 km pour une population estimée à 7818 habitants répartis entre 17 petits villages. Et pour conforter sa thèse de l'oubli ou de l'abandon affiché à l'égard de sa commune, notre responsable faisait savoir que sur les 15 projets proposés dans le cadre du développement, il n'en a reçu que quatre. Ils concernent des chemins et des routes à réhabiliter tels que le chemin reliant le CW5 vers Si Moh Essaïdène, Ibourahlatène, la RN5, sur 6 km pour 3,5 milliards vers le CEM.Au sujet de la CW 5 refaite il y a deux ans, mentionnée dans la pétition, le responsable de la commune reconnaissait que son état est des plus piteux, malgré l'importance de l'enveloppe allouée à cet effet (2,5 milliards).Parmi les projets retenus figurent également celui du chemin de Nessis sur 2,5 km pour 1,7 milliard, l'aménagement urbain de Zeboudja pour 500 millions, ainsi que la construction d'un mur de confortement autour de la salle polyvalente confronté à un dangereux glissement de terrain. Mais qu'est-ce qui n'est pas menacé par l'instabilité géologique qui semble inscrite au cœur même de la nature de ces terrains ? Le CEM Abdellaoui Ali et même un tronçon de l'autoroute qui traverse cette commune instable géologiquement parlant, ne sont-ils pas exposés au même risque d'éboulement et de glissement de terrain ? Alors qu'en matière d'AEP et d'assainissement, la situation ne prête pas à l'optimisme comme le signalent les pétitionnaires, le P/APC reconnaît qu'en matière de réalisation de logements, elle est à peine meilleure, puisque de 1997 à 2000, le chef-lieu de commune n'a bénéficié en tout et pour tout que de 100 logements sociaux alors que Nessis, une localité voisine, n'a eu que 80 logements évolutifs. Abordant la question du RHP, dont le programme a profité à 140 bénéficiaires, mais qui se trouve confronté au blocage induit par le problème lié à la nature juridique de ces terrains tels que le soulève la pétition, puis celle de la santé que l'APC a cru régler provisoirement en affectant 4 bureaux de son siège pour assurer les soins nécessaires en attendant que la salle de soins occupée par la garde communale soit libérée ; le P/APC, pointant un doigt vers l'APW parlera de régionalisme qui met sa commune aux oubliettes. Même les moyens affectés au transport scolaire comprenant 3 bus sont jugés insuffisants pour couvrir les localités de Zeboudja, Kalous, Maâla, Nessis..., il faudrait au moins deux autres bus.L'éclairage public est des plus satisfaisants, selon le même responsable, puisque « tous les villages sont dotés de ce système », mais c'est la facture trop lourde qui fait que, faute de l'honorer, l'APC est réduite à plonger ces localités dans le noir à son corps défendant. Notre déplacement en ce chef-lieu de commune où le taux de chômage est estimé à 60% de la population a pu nous renseigner sur les conditions de vie de ses habitants par un simple coup d'œil sur les rues, les trottoirs et les petites et misérables maisons qui les bordent, vaut mieux que toutes les pétitions et les discours. La conscience des responsables, qu'ils soient élus ou non, est interpellée face au calvaire reçu au quotidien par la population de cette commune.