Classée la deuxième wilaya à l'échelle nationale en matière d'analphabétisme qui a avoisiné le taux de 46%, Tissemsilt constitue de nos jours une proie pour les charlatans, lesquels investissent les places publiques, les souks et les abords des mosquées. Ils prétendent être des guérisseurs ou des voyants. Les uns remuent leurs chapelets pour bien assommer leurs victimes en leur faisant croire qu'ils sont capables de leur dévoiler ce que leur cache le sort. Les autres étalent sur un morceau de nylon de vieux livres aux pages jaunes pour appâter leurs clients qui sont souvent des mariées qui souffrent de conflits conjugaux, des personnes malades et des jeunes en proie à des problèmes sentimentaux. Ces victimes totalement blasées de la vie finissent facilement par mordre à l'appât et payent cher. Il faut dire aussi qu'il existe d'autres formes de charlatanisme, de plus en plus lucratives, pratiquées par des femmes nomades qui font du porte-à-porte. Ces dernières prétendent détenir le pouvoir de faire sortir les démons et les djinns. Malheureusement, elles ne font qu'attiser la haine entre les voisins et les amis par leurs voyances diaboliques, amorales et inhumaines. Les séquelles indélébiles laissées par ces faux guérisseurs, ces Chouafates et autres charlatans, sont nombreuses, omniprésentes et continuent d'étendre leurs tentacules pour infecter même la frange intellectuelle, comme c'était le cas d'un certain enseignant qui est resté enfermé dans sa chambre plus de deux mois à cause du djinn mythiquement créé par un cheikh qui pratique la Rokia. La prolifération de ces escrocs demeure un réel danger au sein de la population tissemsiltoise. Malheureusement, ni la société, ni les autorités locales n'ont osé se débarrasser de la pesanteur de cet archaïsme.