Artiste consciencieux, hanté par l'inaltérable joug de la perfection, Mohamed Racim n'a jamais cédé un pouce de terrain à la facilité. Il avait un souci obsédant du détail. Le trait est toujours soigné, forgé avec minutie. C'est un virtuose de la miniature. Il avait d'ailleurs de qui tenir. Sa famille lui a légué une belle tradition. Son oncle de même que son frère Omar lui ont emboîté le pas. Mohamed Racim, né un 24 juin 1896 à Alger, a tôt fait de choisir sa voie. Elle est toute tracée. La miniature, exercice délicat, fin, qui requiert du doigté, l'accapara dès sa prime jeunesse. L'artiste y étala son savoir-faire. Maîtrise, sens du dessin, une imagination féconde et baignant dans une exquise élégance. Mohamed Racim perfectionna sa technique à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Il se rendit ensuite à Paris pour travailler au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale. L'esprit vif et curieux, cet artiste visita l'Espagne pour s'enquérir des vestiges de la civilisation musulmane. Mohamed Racim exposa ses œuvres dans beaucoup de capitales. A titre indicatif, citons son ornementation de Khadra du peintre Dinet, Le Jardin de roses du poète Saâdi et tant d'autres travaux d'art d'où émergeait constamment sa subtile et délicieuse adresse. L'artiste conquit de haute lutte une notoriété indiscutable en remportant d'éloquentes distinctions. Notons également sa collaboration avec le grand spécialiste de l'art musulman Gabriel Marçais. Ce qui rehausse encore le prestige de Mohamed Racim, c'est imparablement le respect profond, la ferveur intense qu'il voue à Alger, sa ville natale. Il vénère son histoire, son passé. Son exemple fit tache d'huile. Une escouade d'artistes verse dans l'enluminure, la miniature. Le maître sut faire des émules et des adeptes passionnés. Mohamed Racim, infatigable, insatiable et consumé par le « feu sacré », n'arrêta pas de veiller à la promotion de la miniature. Sa fin douloureuse en 1975 affecta profondément le monde de l'art et de la culture. Son œuvre resplendissante de beauté, d'authenticité, est une ode, un poème dédié à son pays. Elle relève d'une culture algérienne riche et expressive. Sa ville, Alger, reste encore reconnaissante à son égard, pour l'avoir glorifiée, aimée dans sa majesté, dans son intimité, dans sa familiarité. Il a droit à une estime et un hommage mérité.