Les législatives de mai prochain posent d'ores et déjà la question de savoir si les grands équilibres politiques, articulés autour de l'Alliance présidentielle FLN-RND-MSP, seront significativement remodelés. Chacune de ces trois formations aspire — et œuvre — à s'assurer une position dominante et majoritaire sur l'échiquier politique et va s'engager dans la bataille électorale avec le poids singulier de leur prégnance dans l'administration sur laquelle ils ont exercé leur tutelle. Ce sont des partis pour lesquels le terrain est plus favorablement balisé qu'il ne l'est pour des partis à l'écart du champ institutionnel, pour lesquels la conquête des suffrages sera une rude épreuve. Il serait donc faux d'affirmer que l'enjeu électoral est d'emblée structuré autour d'une égalité judicieusement répartie des atouts. Il n'est pas possible ainsi d'attribuer la même pesanteur à un parti qui a été durablement en charge du pouvoir et un autre, quel qu'il soit, qui ne tire que le bénéfice de l'effet d'annonce lié aux législatives. Il faudrait, pour que les rapports de force soient infléchis, que nombre de partis en lice ne soient pas perçus comme des sigles dont la résurgence est toujours circonstancielle, mais comme des entités porteuses de programmes politiques érigés en alternatives. Face au bloc massif des partis de l'Alliance présidentielle, les autres formations en lice pour les prochaines législatives n'ont que le choix de développer des stratégies imaginatives pour se garantir l'accès à l'APN où, dans tous les cas de figure, le principe de pluralisme devra être préservé en ne suscitant pas un sentiment de saupoudrage démocratique pour sauver les apparences. De ce point de vue, et au-delà de sa prééminence dans la configuration politique actuelle, le bloc des partis de l'Alliance présidentielle ne pourra pas s'assurer la totale mainmise sur l'APN où des tendances lourdes du champ politique sont incarnées, et seront sans doute représentées, par des formations comme le PT de Louiza Hanoune ou le RCD du Dr Saïd Sadi, dès lors que celui-ci a décidé d'entrer dans la compétition électorale. D'autant moins en fait que l'Alliance présidentielle est dans une large mesure traversée par des considérations de leadership que les législatives de mai prochain devront nécessairement départager. L'un des centres d'intérêt de cette consultation sera donc constitué par la redistribution au sein de l'Alliance présidentielle des parts d'influence et leur incidence sur l'avenir politique de chacun de ses membres selon qu'il sera conforté ou affaibli par l'issue du scrutin. La grande inconnue des législatives de mai prochain résidera alors dans le fait de savoir si le FLN, le RND et le MSP, chacun escomptant pour lui-même un effet raz-de-marée, trouveront dans les résultats du scrutin les motivations pour continuer ensemble de voyager ensemble dans l'attelage présidentiel ou de se séparer à la croisée des chemins.